Le groupe américain Wilco, vétéran de la scène indie folk s’il en est un, a causé une certaine commotion (ou buzz) en lançant son nouvel album gratuitement pendant les 30 premiers jours, via leur site internet. Au moment d’écrire cette critique, les 30 jours sont passés, aucun chiffre n’a officiellement été communiqué quant au succès de la stratégie. Et dieu sait que l’échec d’un album gratuit pour être cuisant!

Parlons donc de « Star Wars ». Est-ce qu’on a là un grand album de Jeff Tweedy et sa bande? Pas sûr. Aux premières écoutes, le son est beaucoup plus rock que les albums précédents. La basse et guitare sont fuzzées à souhait (Random Name Generator) mais on ne se sent pas transportés par les pièces, comme on l’est avec The War on Drugs par exemple, qui oeuvre dans le même créneau. Après quelques morceaux un peu mous ou plus pop (The Joke Explained), Wilco offre enfin un morceau plus épique: You Satellite est une longue (enfin, 5 minutes) progression d’intensité, à la Velvet Underground.

wilco

On dirait que ça prenait ça pour que l’album n’embarque (« kick in », aurais-je tendance à dire en anglais) dans mes oreilles. Est-ce que ça m’a mis dans de meilleures dispositions pour la suite? Il reste que le folk rock de Taste the Ceiling, la suivante, était beaucoup plus accrocheur, un peu à la Spoon, puis les dissonances de Cold Slope agréablement contrastées avec les couplets, plus « slow rock », d’inspiration Steve Miller Band (sans les mélodies mythiques de ce dernier).

King of You est dans le même moule, au point où le premier réflexe est de se demander si ce n’est qu’une modulation du morceau précédent. Ces derniers petits morceaux, tous de 2 à 3 minutes sont intéressants, et plus accrocheurs que ceux qui ouvraient le 9e album de la carrière de Wilco, longue de 21 ans.

 

S’en souviendra-t-on dans la grande Histoire du Rock? Certainement pas. Est-ce un album remarquable dans le parcours de Wilco? Hormis qu’il a été offert gratuitement et qu’un élégant chat orne sa pochette, je ne crois pas non plus. Est-il mauvais? Non plus. Ian Cohen, sur Pitchfork, l’a aimé, déclarant « Star Wars is their strongest record in a decade ». Peut-être, oui, mais c’est quand même un album qui manque de constance.

Wilco, un band originaire de Chicago, a été formé des cendres d’un autre, Uncle Tupelo, en 1994. De la formation originale, il ne reste que le chanteur et principal compositeur Jeff Tweedy et le bassiste John Stirratt. En plus de leurs neuf albums, tous assez différents les uns des autres, Wilco a enregistré trois albums avec le folk singer Anglais Billy Bragg et un autre avec le groupe Minus 5. Leur plus grand succès commercial vint avec l’album « Yankee Hotel Foxtrot » en 2002.

wilco star wars

WILCO
Star Wars
(dBpm, 2015)

-Genre : indie rock folk
-Dans la même lignée que The War on Drugs, Modest Mouse ou Spoon, par moments

On trouve l’album sur le site du groupe
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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.