Benjamin Biolay était de passage à Montréal ce dimanche. Pour l’occasion, le chanteur français de 44 ans se produisait au Théâtre Maisonneuve, dans le cadre de Montréal en lumières. Devant une salle presque remplie, Biolay a ravi ses amateurs en montrant toute l’étendue de son talent.

Supporté par quatre excellents musiciens, Biolay était visiblement en grande forme, et très content d’être dans la métropole. Il parlait peu (il n’est pas très bavard, selon ses mots), mais était très à l’aise. Il marchait de long en large de la scène, se dégênant et s’activant à mesure que le spectacle avançait. Sa présence scénique est remarquable. Avec sa voix grave et son look de dandy, il impose le respect. On ne peut qu’être captivé par ses gestes et ses déplacements.

La voix de Biolay est donc au centre de sa musique, lui qui est un auteur-compositeur-interprète dont les textes sont au cœur de sa démarche artistique. Même si on ne comprenait pas toujours bien ses paroles (le groupe enterrait parfois sa voix), sa voix grave à la Gainsbourg était dominante. Son organe vocal est relativement limité, mais il réussit à en utiliser toutes les possibilités.

Le spectacle a cependant été un peu court, avec une durée de près de 90 minutes. Biolay a quand même pu nous offrir plusieurs de ses classiques, notamment La superbe, qu’il a enchaîné avec À l’origine. Il a aussi chanté une superbe version de Négatif, chanté seul au piano d’abord, puis entrecoupé de Clint Eastwood, de Gorillaz. Il a ensuite joué le classique Jardin d’hiver, du grand Henri Salvador, mais coécrit par Biolay et Keren Ann. Il a interprété une version pleine d’émotions de Ton héritage. Dans la Merco Benz et Les cerfs volants ont aussi été des moments forts du spectacle.

Cela nous a permis de prendre la mesure du chanteur et du musicien qu’est Benjamin Biolay. Il fait partie d’une chanson française certes traditionnelle, mais également fortement décomplexée. Par moments, on entend des influences autant de Renaud, de Léo Ferré, de Serge Reggiani que de Serge Gainsbourg. Pourtant, sa musique est moderne et ses compositions sont originales et uniques.

Sur disque, il a vraiment pris son envol et trouvé sa voix (et sa voie) en 2009 avec l’album-double « La Superbe ». Son plus récent opus, l’excellent « Palermo Hollywood », sorti l’an dernier, lui a aussi permis de remporter un Victoire de la musique il y a à peine deux semaines. Un autre album, son 8e, suivra sous peu, intitulé « Volver ». Ses interprétations apportent beaucoup à ses chansons originales, et cela est certainement la marque d’un grand artiste. Ce dimanche soir, Benjamin Biolay nous a prouvé qu’il appartenait à ce qui fait de mieux aujourd’hui en chanson française.


PREMIÈRE PARTIE

En première partie, Sébastien Lacombe est venu réchauffer la foule de brillante manière. Son folk-rock intelligent et chaleureux a été un formidable avant-goût de ce qui nous attendait avec Biolay. Lacombe a beaucoup voyagé et ses chansons parlent de ses expériences singulières. Je vous invite à lire la critique de son dernier album par Nico Pelletier.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.