Depuis sa création en 1998, l’ensemble montréalais Constantinople a voyagé partout à travers le monde, ayant donné des concerts dans 23 pays. Mais hier, l’ensemble dirigé par le joueur de sétar Kiya Tabassian se produisait à la Salle Bourgie. Tabassian et ses six musiciens présentaient le concert intitulé « La Porte d’or », en référence à Constantinople, qui s’appelait Byzance jusqu’en 330, et est maintenant connue sous le nom d’Istanbul depuis 1930. Au carrefour des civilisations occidentales et orientales et des cultures grecques, juives, perses et arméniennes, cette ville dispose d’une riche culture musicale. Les sept musiciens présents hier ont rendu un vibrant hommage à certains des compositeurs qui ont transité par la ville depuis le 15e siècle.

Kiya Tabassian était entouré de musiciens fort talentueux qui jouaient des instruments traditionnels pour la plupart. Tabassian était lui-même au sétar. Il s’agit d’un instrument d’origine perse à quatre cordes (généralement trois, mais Tabassian en a ajouté une). Le manche est particulièrement long, et compte de 25 à 27 frettes, ce qui permet de jouer des quarts de tons. Didem Basar jouait du kanoun, un instrument à cordes pincées, de la famille des cithares sur table. Pierre-Yves Martel était à la contrebasse, alors que Patrick Graham s’occupait des percussions. Constantinople recevait trois invités. Toutes deux Turques, Yaprak Sayar chantait et Neva Özgen jouait du kemençe. Cet instrument est vaguement similaire à un violon, mais se joue en l’appuyant sur les cuisses, et a une sonorité presque asiatique. Enfin, le Grecque Kyriakos Kalaitzidis jouait du oud, qui est en quelque sorte une guitare utilisée dans le monde arabe.

L’excellence des musiciens a été en évidence tout au long du spectacle. On a facilement pu constater que chaque instrumentiste maîtrise parfaitement son instrument, et que l’ensemble est très cohérent. Kiya Tabassian a un jeu qui n’est pas nécessairement flamboyant, mais il est certes efficace et laisse la place à ses musiciens. Didem Basar nous a montré la très grande maîtrise de son instrument, qui a une sonorité à mi-chemin entre la harpe et le piano. Kalaitzidis a joué plusieurs merveilleux solos, et il a aussi chanté à quelques occasions, tout comme Tabassian. Ce dernier a d’ailleurs une très belle voix, qu’on aurait aimé entendre plus souvent.

Mais la vedette au chant était sans aucun doute Yaprak Sayar. Cette dernière, vêtue d’une flamboyante robe rouge, a une voix qui porte et qui est très puissante. Elle a livré une superbe performance, et son chant était envoûtant et hypnotique. Elle était souvent en phase avec le kemençe, ce qui donnait une ambiance plaintive, et parfois purement mélancolique. On ne pouvait malheureusement pas comprendre ce qui était dit, mais l’ambiance était apaisante et sereine. Si on peut cependant faire un reproche à l’ensemble du concert, ce serait d’avoir choisi trop de pièces au tempo modéré et à l’atmosphère similaire. Il aurait été bien de varier un peu plus, sinon de changer l’ordre des pièces jouées. Mais cela n’a tout de même pas altéré notre plaisir et l’exubérante pièce jouée à la toute fin a pu nous faire oublier tout cela. La salle presque comble s’est levée d’un bond pour acclamer les musiciens!

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.