Dany Placard est un de nos grands auteurs-compositeurs-interprètes. Ça fait maintenant 14 ans qu’on le regarde aller et que chaque fois, on se dit: « ouais, ce gars-là a une sensibilité à fleur de peau et il sait comment garder ça simple. » Avec un langage coloré, il dépeint autant le quotidien qu’on ne voit plus tellement il est là. Il décrit également avec justesse les états d’âme intense d’une vie : peines d’amour, bien sûr, mais également les espoirs (Robin), le désespoir (l’ardente Sarah) et les moments ordinaires d’une vie ordinaire (L’autre bord de la rue).

La sensibilité de Placard est authentique. Il sonne de plus en plus comme le Fred Fortin d’il y a 15 ans (un grand compliment, dans mon livre à moi!). Sa pièce Graisse de bine est certainement aussi bien ficelée que le célèbre Moisi Moi si. Allez savoir si les jeunots de StarAc vont reprendre du Placard d’ici peu… C’est à l’évidence intéressant pour faire connaitre l’auteur original, mais le résultat aseptisé de la machine commerciale sonne faux… Entéka… on s’éloigne du sujet.

 

Revenons à l’excellent nouvel album de Dany Placard, intitulé « Démon Vert ». Lorsqu’il saisit sa guitare électrique avec une bonne poigne, l’auteur-compositeur-interprète originaire Laterrière, un village situé en banlieue de Chicoutimi, mord dans les notes : ça résulte en la belle Angélique, au solide riff de guitare électrique et de… banjo! Le tout rappelle autant Tom Waits que Stephen Faulkner, tout en combinant la modernité de la plume de Philippe B ou de Fred Fortin. Lorsqu’il lance que « des affaires simples lui ont déchiré les poignets », on sent la dure vie de Matante Lise, une pièce pas drôle pantoute. « Les trottoirs, sans toé, sont plus légers d’une tonne ».

Peu d’auteurs sont capables de « chanter joual » sans sonner faux. Placard chante comme il parle, sans tenter la fausse rime, sans se la jouer cool. Qu’il se jette dans un rock solide (Dis-moi) ou dans d’intimes confidences (Démon vert, allongée sur près de 7 minutes), on sent que Dany ne passe pas par quatre chemins entre son cœur et nos deux oreilles. Il y va direct, en défonçant la porte.

Je ressors un vieux clip, Slush, en attendant que de nouveaux clips ne sortent du Démon vert, mais sachez que le nouvel opus est plus mordant que cette chanson qui date de 2008.

 

« Démon vert » est jusqu’ici mon « coup de cœur québécois » de l’année, comme l’ont été « Sous les arbres » de Salomé Leclerc et « Variations fantômes » de Philippe B l’an dernier. Un album qu’il faut avoir et qu’il faut écouter.

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DANY PLACARD
Démon vert
(Simone, 2012)
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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.