Brian Peter George St. John le Baptiste de la Salle Eno est, on le sait un artiste prolifique, mais il vient assurément de se surpasser en lançant deux albums en moins de deux mois, «Someday World» et «High Life», tous deux en collaboration avec Karl Hyde, de Underworld.

Mais qui dit «prolifique» ne dit pas toujours «mémorable», et même un fan invétéré et inconditionnel comme moi peut comprendre que certaines personnes aient parfois l’impression que Brian Eno pourrait lancer un album contenant 75 minutes de silence complet et il se trouverait quand même des gens pour crier au génie.

Pas moi: je suis invétéré et inconditionnel, mais pas à ce point-là.

Comme tout le monde, j’ai été surpris par l’annonce d’un deuxième album de Eno • Hyde alors que je n’avais même pas fini de digérer le premier et, comme à chaque nouvel album d’Eno, j’ai terriblement hâte, mais une partie de moi est inquiète, ne sachant pas nécessairement à quoi s’attendre, même si je suis rarement déçu par l’artiste.

Or, tant «Someday World» que «High Life» ne m’ont pas déçu, mais alors là, pas du tout!

Avec «Someday World», on est fermement en terrain pop alternative. Musicalement, les amateurs d’Underworld seront en terra cognita — d’autant plus que la voix de Hyde se retrouve sur toutes les pièces sauf une —, mais du Underworld beaucoup plus acoustique qu’électronique, il faut le dire.

Malgré cela, l’imprimatur de Eno est indéniable, et on peut reconnaître ça et là des filiations avec les premiers albums solo de l’artiste, dans les années 70, après son passage dans Roxy Music. Un des membres de Roxy, le saxophoniste Andy Mackay, est d’ailleurs musicien invité sur une de mes pièces préférées de l’album, et la seule où c’est Eno qui chante, When I Built This World.

Voici une courte vidéo promotionnelle que l’on pourrait qualifier de «making of» de l’album «Someday World» et qui vous en donnera un avant-goût assez juste:

Quant à «High Life», Brian Eno a déclaré:

«Lorsque nous avons complété “Someday World”, j’avais le sentiment d’être sur une lancée et je ne me sentais pas prêt à arrêter de travailler pour tomber en mode “promo” pour cet album. J’ai donc suggéré que nous commencions à travailler immédiatement sur un autre album, quelque chose de différent où nous pourrions pousser plus loin certaines des idées explorées sur “Someday World” et en explorer d’autres auxquelles nous n’avions pas touché».

C’est effectivement différent, tout d’abord parce que c’est beaucoup plus instrumental, même s’il y a des voix, et parce que les artistes y explorent beaucoup plus le côté Afro Beat que l’on devinait sur certaines pièces de «Someday World». La plupart des pièces s’articulent autour de «loops» musicales autour desquelles les musiciens brodent.

Ceux d’entre vous qui connaissent et/ou aiment l’album «My Life In The Bush Of Ghosts» que Eno avait lancé en 1981 avec David Byrne (Talking Heads) sauront immédiatement à quoi s’attendre comme son. Ci-dessous, le premier extrait de l’album, DBF, qui n’est pas, selon moi, représentative de l’album. En d’autres mots, si c’est moi qui avais eu à choisir le premier extrait pour promouvoir cet album, ce n’est pas cette pièce que j’aurais choisie, mais bon…

«High Life» ne contient que 6 pièces, mais trois font plus de 9 minutes, une près de 8 et les deux plus courtes dépassent la marque des 4 minutes; rien de formaté pour la radio, ici! La version téléchargeable contient une pièce de plus, et la version vinyle qui sera lancée au mois d’août, contiendra une autre pièce additionnelle, pour un total de 8.

Prince chantait, sur son album «Graffiti Bridge», «There’s joy in repetition», et il faut vous attendre, effectivement, à un album où, comme je le disais, la répétitivité est au coeur de l’oeuvre. Heureusement, il ne s’agit pas d’une répétitivité ennuyeuse ou déstructurée; ça s’écoute merveilleusement bien.

Au final, je vous recommande chaudement ces deux albums qui, malgré une continuité indéniable, s’écoutent très bien comme deux oeuvres distinctes. Autrement dit, c’est tout à fait possible que vous préfériez l’un ou l’autre et il ne faut pas vous sentir obligé de les aimer tous les deux comme s’il s’agissait, par exemple, d’un album double…

Eno Hyde Someday World

 

 

 

 

 

ENO • HYDE
Someday World
(Warp, 2014)

-Genre: Pop alternative
-Plaira aux amateurs des premiers albums solo de Eno dans les années 70, des 4 ou 5 premiers albums des Talking Heads, à l’oeuvre de Underworld

Lien d’achat sur le site Bleep

Site officiel Eno Hyde, incluant un lien vers l’application iPhone qui accompagne les deux albums.

 

Eno Hyde High Life

 

 

 

 

 

ENO • HYDE
High Life
(Warp, 2014)

-Pop électronique alternative à saveur Afro Beat
-Plaira aux amateurs de Fela Kuti, Brian Eno, Talking Heads, David Byrne, Underworld

Lien d’achat sur le site Bleep

Site officiel Eno Hyde, incluant un lien vers l’application iPhone qui accompagne les deux albums.

 

DR ENO & MR HYDE
Originalité80%
Authenticité80%
Accessibilité70%
Direction artistique70%
Qualité musicale90%
Textes90%
80%Overall Score
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Blogueur - RREVERB
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Baptisé par Pink Floyd, ses parrains sont Bach et les Stones. DJ depuis 1984, batteur autodidacte, producteur de musique électronique depuis 2000, Monsieur Seb a été chef de la section culturelle chez Canoë pendant près de 10 années. Il collabore également sur Archipel Magazine, le blogue — et bientôt magazine imprimé — du label électronique montréalais Archipel.