La musique “Country” québécoise a souvent été catégorisée comme “kétaine” ou “risible”, ou “folklorique” au mieux, par les habitants des grands centres urbains. Des gars comme MC Gilles en ont fait leur marque de commerce depuis quelques années et ce n’est certainement pas Paul Daraîche ni Patrick Norman, aussi talentueux soient-ils, qui vont créer une frénésie chez les jeunes mélomanes exposés à la scène internationale. Roch Voisine et Isabelle Boulay ont récemment épousé ce style (qui leur va bien, d’ailleurs), mais on ne parle pas d’eux dans le Mile-End.

Mais sur la réputée scène indie d’ici, le country commence à avoir de plus en plus la cote. On n’a qu’à penser à Mara Tremblay puis Dany Placard qui ont rendu leur country original en y ajoutant une bonne dose de rock ou d’arrangements à la Tom Waits.  Dernièrement, deux jeunes filles pas mal hip ont vraiment assumé leur amour du country à fond la caisse, et j’ai nommé Chantal Archambault et, plus récemment, Lisa LeBlanc, qui vient de sortir son premier opus aujourd’hui.

Alors que la première sortait l’an passé un disque fort réussi où sa petite voix de souris rageait envers un amour trahi,  la seconde est encore plus typée grâce à un fort accent acadien. Lisa LeBlanc lance son premier album en carrière avec une dynamique pièce au banjo, et surtout, une langue forte, jamais faite de bois, jamais faite de clichés ni de poésie mystérieuse. L’auteure-compositrice-interprète native de Rosaireville au Nouveau-Brunswick lance de vers des plus punchés avec un panache qu’on n’avait pas entendu depuis Plume et peut-être Dédé Fortin. LeBlanc ne fait par contre pas dans l’humour, elle chante et pleure ses amours sans détour et sans fioritures. C’est brut et c’est « in your face », c’est même un peu punk! Lisa LeBlanc est un peu l’enfant illégitime de Plume Latraverse et de Mara Tremblay, et dont la grand-tante serait Edith Butler.

Lisa LeBlanc n’est pas qu’une carte postale de région. L’auditeur sérieux et ouvert va y découvrir une voix solide qui a l’aplomb d’une Ani DiFranco, aussi à l’aise dans le blues que le joual. LeBlanc inspire le même type de respect et d’accolades qu’un Philippe B, Marie-Pierre Arthur, Bernard Adamus ou Salomé Leclerc… Que l’on soit fan de country ou non.

Un petit clip lors de son passage à Belle et Bum (en compagnie de Yann Perreau qui a l’air de bien s’amuser!).

Vous aimez? Allez chercher son premier album en ligne ou en magasin. Écoutez un extrait sur son site LisaLeBlanc.com.

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.