Le punk rock des années 90 à son meilleur! Sortis de nulle part (mais jouant ensemble pourtant depuis 1983), les quatre Californiens de NOFX aboutissent en 1992 à un punk rock furieux, chirurgicalement précis et acide. Que d’énergie, d’autodérision et de « passes » habiles dignes des meilleurs musiciens métal. Et pourtant, le tout est fait sans prétention, en gnaisant.

Au sommet de leur art, Fat Mike et compagnie lancent des bombes comme Stickin’ in My Eye qui regorgent de puissance mais aussi de subtilité. Ils exécutent les chœurs à la perfection, bien mieux que les Ramones ou même Bad Religion. Lorsqu’ils passent du punk à fond la caisse au reggae sur un dix cennes sur Bob, c’est carrément époustouflant… et drôle!

Bien qu’ils ne se prennent pas au toujours au sérieux, certaines pièces sont rentre-dedans avec une bonne dose d’amertume (You’re Bleeding, et la douloureuse She’s Gone, au refrain qui sent le désespoir à plein nez). Ils réussissent à la perfection un pastiche de jazz à la Louis Armstrong sur Straight Eyes. Nommez-moi un seul autre troupe punk (même rock) capable d’une telle versatilité! Dignes punks, ils n’excèdent jamais les 2 minutes 30 par morceau. Pourtant, chacun d’eux est riche de plusieurs couplets bien différents. Les morceaux sont très bien écrits.

Ils ne manquent pas d’humour, faisant rimer « I remember the first time you kissed me / Now I want you to fist me » lancent-ils en harmonie, sans pouffer de rire, sur l’hymne lesbien Lisa and Louise. Sur Please Play This Song on the Radio, ils expliquent comment leur chanson est bien conçue, avec tous les morceaux aux bons endroits.  Ça donne une idée de l’humour grinçant de Fat Mike, principal auteur du groupe.

« White Trash, Two Heebs and a Bean » est l’un des deux meilleurs albums du groupe californien, avec « S&M Airlines », paru en 1989. Par après, les gars se sont moins pris au sérieux (sic), ont connu le succès qui a fait d’eux un groupe plus prévisible (comme ils en parlent dans le documentaire ci-dessous). C’est également le premier album où El Hefe est présent, ajoutant une belle touche musicale puisqu’il amène la trompette, des solos de guitare tonitruants et une culture musicale qui enrichit grandement le son du groupe. Les trois membres d’origine Eric Melvin (guitare, accordéon), Fat Mike Burkett (chant, basse) et Eric Sandin (batterie) y trouvent le quatrième larron parfait.

Dans ce documentaire intitulé « Backstage Passport » qui relate leur tournée de 2008 à travers « le plus de pays bizarres possible », on voit un peu à quel genre de zigotos on a affaire.

NOFX roule sa bosse depuis 1983, d’abord installés à Los Angeles, puis à Berkeley, toujours en Califiornie. Ils ont vendu plus de 6 millions d’albums en carrière, et gagné une grande armée de fans, le tout en demeurant entièrement indépendants.

NOFX-White_Trash_Two_Heebs_And_A_Bean

NOFX
White Trash, Two Heebs and a Bean
(Epitaph, 1992)

-Genre: punk rock
-Dans le même genre que Bad Religion, SNFU, Lagwagon

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NOFX : pas sérieux, mais pas con non plus!
Originalité85%
Authenticité85%
Accessibilité70%
Direction artistique80%
Qualité musicale95%
Textes90%
84%Overall Score
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53%

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.