L’Orchestre Métropolitain (OM) poursuivait, mardi soir, une tournée de sept concerts en neuf jours. Après avoir joué la veille son premier concert en Ontario, à Ottawa, l’OM était à Verdun, à l’Église Notre-Dame-des-Sept-Douleurs. Dirigé par Yannick Nézet-Séguin, le Métropolitain présentait un programme de musique anglaise, avec des œuvres de Ralph Vaughan Williams et d’Edward Elgar. L’idée audacieuse de ne jouer que des œuvres anglaises, qui sont généralement peu interprétées, a rapporté. Le concert a été une grande réussite, avec cet Orchestre qui n’en finit pas de nous ravir.

Le concert débutait avec les Variations sur un thème original « Enigma », d’Elgar. L’Anglais a composé cette œuvre en 1899, et elle lui a valu un succès instantané. Il s’agit d’un thème qui est exposé en premier, suivi de quatorze variations. Elgar s’est amusé à imaginer comment des personnes de son entourages interpréteraient et transformerait ce thème initial. Ainsi, chacune des variations représente une personne connue par Elgar. L’OM a interprété de belle manière ces Variations, en faisant ressortir tantôt le côté paisible, tantôt le côté fougueux. Les cordes en particulier ont été très expressives. Nézet-Séguin a bien géré les variations d’intensité, et était, comme à son habitude, très démonstratif.

Le jeune Stéphane Tétreault, 22 ans, était le soliste dans le Concerto pour violoncelle d’Elgar. Complété en 1919, ce Concerto a acquis sa popularité notamment en raison de la violoncelliste Jacqueline du Pré. La Britannique en a fait des interprétations fabuleuses, et ses enregistrements du Concerto se sont vendus à grande échelle, dépassant le monde de la musique classique. Le soliste en résidence du Métropolitain pour la saison 2014-2015 s’attaquait donc à ce monstre sacré. Et on peut dire qu’il s’en est très bien acquitté! En plus d’avoir un vibrato ample et une sonorité riche et précise, Tétreault a un jeu très expressif qui convient parfaitement à l’œuvre. Toutes les possibilités du violoncelle sont exploitées dans cette pièce, et Tétreault réussit à bien les rendre. Ce chef-d’œuvre post-romantique, à la nostalgie prenante, a été interprété de manière grandiose par l’OM et son soliste.

Le concert se terminait avec la Symphonie no. 4 de Ralph Vaughan Williams. Créée en 1935, cette œuvre porte les marques de son époque : on y retrouve la violence et l’angoisse propres à la période de l’entre-deux-guerres. Cette Symphonie est aussi comparée à la Symphonie no. 5 de Beethoven, tant dans la forme que dans le fond. On peut par ailleurs mesurer l’influence qu’a pu avoir l’Anglais sur certains compositeurs du 20e siècle, dont Bartók et surtout Chostakovitch. L’intensité est au rendez-vous dès le départ : la charge sonore est très puissante, et le chef obtient une grande vitalité de son Orchestre. Le mouvement lent est, au contraire, plutôt paisible, et on en retiendra le magnifique solo de flûte. Plus loin, le travail des cuivres se démarque par sa limpidité et sa force. Chef et Orchestre font un travail remarquable dans cette œuvre pourtant fort complexe!

Véritable célébrité partout où il passe, Yannick Nézet-Séguin nous a rappelé la base de son succès : le travail et l’honnêteté. Il est par ailleurs toujours enrichissant qu’il prenne le temps de s’adresser au public (qui avait rempli à pleine capacité la grande église verdunoise) afin de communiquer sa passion pour la musique. Toujours très intense et dévoué, Nézet-Séguin a une fois de plus soutiré une grande performance de « son » Orchestre.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.