Bob Dylan est sûrement l’un des artistes les plus repris de tous les temps (avec les Beatles). Un nouveau projet de chansons liées à Dylan paraît cette semaine. Mais cette fois, ce n’en est pas un comme les autres. Mis sur pied par le réalisateur T Bone Burnett, le super-groupe The New Basement Tapes a mis en musique des textes de Bob Dylan écrits en 1967, à l’époque des mythiques « Basement Tapes », mais qui n’avaient jamais été mis en chansons.

Burnett a donc contacté Elvis Costello, Jim James (de My Morning Jacket), Marcus Mumford (de Mumford & Sons), Taylor Goldsmith (du groupe Dawes) et Rhiannon Giddens (de Carolina Chocolate Drops) en leur demandant de mettre des sons autour des mots de Dylan. Accompagné du percussionniste Jay Bellerose, tout ce beau monde s’est ensuite réuni en studio dans l’optique d’une collaboration semblable à celle de Dylan avec The Band lors de ces mois de 1967. Même s’il est hétéroclite et quelque peu inégal, ce projet est très intéressant et contient de bons moments.

Chaque artiste a un nombre égal de chansons sur l’album, soit quatre. Jim James a l’honneur d’avoir une de ses chansons qui ouvre l’album. Avec la guitare mordante de James, Down In The Bottom est une très belle pièce marquée par un désespoir malgré tout optimiste. L’excellente Nothing To It a un propos presque nihiliste : « There was no organization I wanted to join, So I stayed by myself and took out a coin. There I sat with my eyes in my hand, Just contemplating killing a man ». Menée par le piano et le mellotron, Hidee Hidee Ho #11 est une ballade décontractée, alors que Quick Like A Flash est un furieux blues-rock avec du violon.

Elvis Costello apporte d’importantes contributions avec la surréaliste et bluesy Married To My Hack et la touchante Lost On The River #12. Six Months In Kansas City (Liberty Street) et Golden Tom Silver Judas sont toutefois un peu moins réussies. Pour sa part, Rhiannon Giddens amène une bonne dose de country et de bluegrass avec l’entraînante Duncan And Jimmy, menée par un superbe jeu de banjo. La pastorale Lost On The River #20 est magnifique et déchirante : « My sweetheart left me for another one, And now I wait for the next rising sun ». Les vocalises arabisantes de Spanish Mary tombent toutefois à plat, tout comme Hidee Hidee Ho #16.

Le surexposé Marcus Mumford livre une prestation convaincante sur la très rythmée Kansas City. When I Get My Hands On You est une délicate chanson d’amour. Même si elles ne sont pas dénuées d’attrait, on embarque toutefois moins dans Stranger et The Whistle Is Blowing. Taylor Goldsmith chante de manière élégante la superbe Florida Key. Liberty Street et Diamond Ring sont de belles ballades musicalement bien construites. La joyeuse et plutôt légère Card Shark est très réussie, avec un excellent solo de violon de Giddens.

L’esprit de collaboration s’entend très bien sur « Lost On The River ». On peut aussi facilement se figurer le plaisir qu’ont pu avoir ces musiciens à créer ces chansons inédites (un documentaire sera justement bientôt diffusé sur la création du projet). L’idée de mettre en musique des textes de Dylan, alors que ce dernier serait sûrement curieux de les entendre, a cependant dû rendre le projet difficile (on aimerait par ailleurs entendre Dylan interpréter ces pièces!). Les chansons de Jim James sont les plus convaincantes, et les contributions de Rhiannon Giddens (voix, violon et banjo) sont les plus rafraîchissantes. En bout de ligne, chaque artiste a injecté sa personnalité à ce projet. Bien que n’apportant pas une nouvelle lumière sur cette période mystérieuse de la vie créative de Dylan, « Lost On The River » est tout de même un très bon album qui puise dans les sources musicales des « Basement Tapes ».

new basement tapes lost on the river
THE NEW BASEMENT TAPES
Lost On The River
(Harvest Records, 2014)

-Genre : americana
-Dans le même genre que Wilco, Steve Earle, Bob Dylan

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THE NEW BASEMENT TAPES : Du «nouveau» Dylan
ORIGINALITÉ 75%
AUTHENTICITÉ 80%
ACCESSIBILITÉ 80%
DIRECTION ARTISTIQUE70%
QUALITÉ MUSICALE85%
textes90%
80%Overall Score
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82%

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.