Tu sais que t’as devant toi un bon artiste durable lorsque les nouvelles chansons issues du plus récent album se défendent bien aux côtés des gros hits.

OK, il n’y a pas de tounes à la hauteur des classiques que sont Free Fallin’ ou Rebels sur “Hypnotic Eye” (lire la critique ici), paru le mois dernier, mais plusieurs morceaux comme American Dream Plan B ou Forgotten Man tiennent la route, bien élevées au riff rock solide. Tom Petty, 63 ans, a retrouvé la flamme. Chose fascinante que de suivre le parcours d’un musicien (ou de n’importe quel artiste à ce compte-là) au fil du temps. Comment font-ils pour réagir aux affres de la vie, comment font-ils pour ajouter de grandes chansons à un répertoire qui en contient déjà une bonne quantité, comme c’est le cas de Petty?

Petty nous a avertis dès le départ: appelez la gardienne, on va rentrer tard. Comme il n’était pas venu jouer à Montréal, il nous promet un “full lenght rock’n’roll show”. Et avec le répertoire du Floridien, il n’y aura pas de longueurs: I Wont Back Down, Learning to Fly en version dépouillé, Into The Great Wide Open, un A Woman in Love (It’s Not Me) sombre, le géniale Yer So Bad, la populaire Mary Jane’s Last Dance (que je n’ai personnellement jamais vraiment aimée, allez savoir pourquoi), et j’en passe… Peu de temps morts dans cette soirée riche en rock’n’roll de qualité. Deux reprises : So You Want to be a Rock’n’Roll Star, des Byrds, en entrée de jeu, et Baby Please Dont Go, à laquelle il a ajouté un laïus assez rigolo. Tom Petty avait le goût de jaser hier soir.
En rappel : You Wreck Me, (I’m Not Your) Steppin’ Stone – une reprise de Paul Revere and the Raiders – et la grande finale red, white and blue : American Girl.

Petty ne s’est pas gêné pour jouer une bonne demi-douzaine de nouvelles chansons, et bien placées dans le set, elles furent toutes pas mal appréciées du public, ce qui n’est pas nécessairement évident devant une foule venue entendre “sa toune” live, pas nécessairement ouvert aux découvertes.

Il faut croire que les vrais fans de Tom Petty apprécient l’homme autant que sa musique, et que les p’tites nouvelles sont les bienvenues.

Surfer sur les hits du passé

Deux mots sur Steve Winwood, qui assurait la première partie de la soirée. En fait un seul.

Plate.

Plate parce que Winwood a démontré que de ne pas continuer à créer et de surfer sur la réinterprétation de ses vieux succès ne peut pas préserver la pertinence. Oui, il a joué ses meilleures chansons de l’époque de Traffic et Blind Faith (une chance!) mais ça sentait assez le réchauffé. Un solo de clarinette qui fait muzak. Une musique prévisible, confortable (dans le mauvais sens du terme), un show sans passion.

J’avais dit deux mots. J’arrête.

TOM PETTY & THE HEARTBREAKERS (et Steve Winwood en première partie) jouaient au Centre Bell de Montréal, le 28 août 2014. Une présentation d’evenko.

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.