Même s’il n’a été actif que durant quelques années et n’a fait paraître qu’un album, The United States of America a été l’un des groupes les plus révolutionnaires de la fin des années 60. Cette troupe a été fondée par Joe Byrd, un iconoclaste de premier ordre qui a étudié notamment avec John Cage à New York. Il s’est ensuite relocalisé à Los Angeles en 1967 et a concocté un album singulier et très ingénieux.

The American Metaphysical Circus ouvre la parade sur des bruits de fanfare, puis enchaîne avec la douce voix de Dorothy Moskowitz. Toutes sortes de sons électroniques obtenus à partir de proto-synthétiseurs se font entendre, emportant finalement la voix et les instruments dans un tourbillon sonore. La distorsion s’empare tellement du chant qu’on n’y reconnaît presque aucun mot. Hard Coming Love est moins excentrique, sans être non plus une chanson pop. Une longue et mordante introduction de guitare psychédélique mène à un couplet dominé par un génial motif de basse et des envoûtants sons d’orgue.

Trois superbes chansons rêveuses se retrouvent sur cet album et en constituent les plus beaux moments. La meilleure chanson du disque est sans contredit Where is Yesterday. Elle débute avec des chants grégoriens, puis des sons électroniques intrigants nous mènent à la chanson comme telle. Les membres du groupe entonnent le refrain en canon, ce qui produit un effet totalement psychédélique. Cloud Song a une pureté angélique et une ambiance très sereine, avec des paroles pour le moins obscures : « how sweet to be a cloud, floating in the blue ». Finalement, Love Song for the Dead Che est une ode au héros de Byrd, lui qui était impliqué dans le Parti communiste américain. Une mélodie pseudo-orientale fait planer cette chanson.

The Garden of Earthly Delights nous semble arriver tout droit de l’espace, puis une irrésistible ligne de basse démarre. Dorothy Moskowitz chante de manière hypnotique et le refrain nous rappelle Grace Slick avec Jefferson Airplane. Stranded in Time contient un magnifique arrangement pour quatuor à cordes, avec un interlude rock psychédélique. L’album se clôt avec The American Way of Love, une ambitieuse chanson en trois sections qui contient notamment un collage de toutes les autres chansons du disque. L’idée est intéressante, mais, malheureusement, le résultat manque de cohérence. Notons que la réédition de 2004 contient dix autres pièces, dont plusieurs inédites.

Bien que certains effets électroniques aient plus ou moins bien vieilli, ce disque contient de très bonnes pièces et mérite une place aux côtés des grands albums psychédéliques et expérimentaux de la deuxième moitié des années 60. L’utilisation innovatrice des proto-synthétiseurs allait influencer plusieurs groupes krautrock de la décennie suivante. Les années 90 verront finalement l’apparition d’un groupe anglais nettement influencé par la troupe de Byrd et Moskowitz : Broadcast, menée par la regrettée Trish Keenan.

The United states of america
THE UNITED STATES OF AMERICA
The United States of America
(Columbia, 1968)

-Genre : Rock psychédélique expérimental
-Dans le même genre que Jefferson Airplane, Velvet Underground, les premiers albums de Pink Floyd

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THE UNITED STATES OF AMERICA : Expérimentation et rock psychédélique
Originalité95%
Authenticité85%
Accessibilité70%
Direction artistique90%
Qualité musicale90%
Textes85%
86%Overall Score
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Blogueur - RREVERB
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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.