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Nick Cave est l’un des rares artistes quinquagénaires à qui on ne peut pas reprocher grands écarts dans sa carrière. En 35 ans de carrière, ses 24 albums studio ont suivent une ligne assez cohérente de rock pressurisé, intense, frisant la violence dans les mots lorsque ce n’est pas dans la musique elle-même. Certes, il a aussi fait des disques plus calmes (« The Boatsman’s Call », de 1997, en est le plus bel exemple) mais ceux-ci étaient magnifiques, comment les lui reprocher? Cave a aussi beaucoup expérimenter, notamment en littérature: il publie six œuvres, joue dans 7 films et en a scénarisé trois.  Certains disques sont plus proches du spoken word que du rock (« No More Shall We Part », de 2001).

Son nouvel album, « Push the Sky Away » est l’un de ses excellents moments. Ses récits sont toujours aussi teintés de violence et de situations glauques (Waters Edge) où le sang côtoie le sperme, les filles paumées, souvent prostituées, se mêlent autant aux hommes d’affaires qu’aux marins sans scrupules.

Un souvenir, Right Right hand, tiré de l’album “Let Love In”

 

 

Et puis au centre de ce 24e album, une pièce phare: Jubilee Street. Le talent de conteur de Nick Cave prend toute son ampleur alors qu’il raconte la vie et la mort d’une prostituée en la baignant dans la société bien pensante, moralisatrice, soi-disant morale, qui vient pourtant se vautrer dans son bouiboui une fois la nuit venue. « They should practice just what they speak » maugrée-t-elle. Ici, les Bad Seeds donnent tout le panache nécessaire à l’orateur pour qu’il puisse élever son récit à un autre niveau. Un départ tout en retenue, une montée graduelle avant un délire de violons fous et de choeurs pour la grande finale. Un chef d’œuvre.

 

En dehors de ce climax, « Push the Sky Away » expose des moments plus doux, musicalement parlant (Mermaids) qui permettent à Cave de prendre un ton plus intimiste. Les basses pesantes et violons inquiétants ne sont jamais bien loin, comme en témoigne We Reel Cool, la pièce suivante. Les Bad Seeds, ces vétérans du rock qui roulent leur bosse dans l’univers alternatif depuis le début des années 80, donnent une belle leçon de retenue, de maintien de ligne artistique, de « less is more ». De la grande musique!

Ce soir au Métropolis aura lieu le concert de ces musiciens d’exception. Nick Cave et ses Bad Seeds se sont produit la semaine dernière au très influent événement South by Southwest à Austin au Texas. Une brève prestation due au format festival, heureusement diffusée gratuitement en ligne sur le site sxsw.com. Une heure durant laquelle Nick Cave a mis le feu (au figuré) à la soirée en commençant par se débarrasser des photographes accrédités, massés au pied de la scène d’un dédaigneux mouvement du pied…

 

Le groupe est aujourd’hui constitué de Warren Ellis, Martyn P. Casey, Thomas Wydler, Conway Savage, Jim Sclavunos, Ed Kuepper, suite aux départs de Mick Harvey (qui a fait partie des Bad Seeds de 1983 à 2009) et de Blixa Bargeld (1983-2003), parti se concentré sur son autre formation, les tout aussi légendaires Einstürzende Neubauten.

 

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Artiste : Nick Cave & the Bad Seeds
Album: Push the Sky Away
Étiquette: Bad Seeds Ltd.
Lien vers achat en ligne (iTunes)
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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.