EMEL MATHLOUTHI, de son temps, pour le meilleur et pour le pire Nicolas Pelletier 2023/06/15 Concerts Loin des extraits de doux folk acoustique entendus rapidement sur le web, la Tunisienne Emel Mathlouthi nous a présenté en concert un habile mélange de chants planants, mais puissants, de rythmes électro modernes, de rythmes arabisants, de guitare assez rock et de violon à effets. Une peu comme si on avait concocté une rencontre musicale entre Souad Massi (pour le coté folk aussi présent, mais pas omniprésent), l’album « Arabesque » de Jane Birkin et un bidouilleur de son de votre choix dans le style Kid Koala ou Tricky. Il était rafraîchissant d’entendre de la basse carrément dubstep venir enrichir un chant/jeu de guitare autrement assez classique! Jolis pieds nus, grande crinière frisée et petite robe rouge vif, la jeune chanteuse tunisienne est très talentueuse et audacieuse dans ses choix d’arrangements, ce qui est assez rare dans la musique maghrébine – du moins celle qui se rend à nos oreilles québécoises. Sérieuse, intense, consciencieuse, soucieuse du geste comme du son, Malthouthi captive. Ce tout petit bout de femme qui semble moins volumineuse que sa guitare sèche est visiblement touchée, fâchée, déçue de ce qui se passe dans son pays natal. Elle chante la liberté, rend hommage aux torturés, à ceux qui osent parler. Elle honore la femme tunisienne, la femme libérée, la femme militante, précise-t-elle même. Mais malheureusement les francophones de Montréal n’y comprennent rien, il faudra se renseigner pour mieux comprendre ce dont on nous a chanté ce soir, ou demander à nos voisins algériens, kabyles, marocains et, bien sûr, tunisiens, de nous traduire quelques mots. Mathlouthi nous offre sa vision de la Tunisie d’aujourd’hui, dans ce qui la réjouit comme dans ce qui la choque. Musicalement, elle marie la tradition avec la modernité, liant les deux, plutôt que de les confronter. Au retour de l’entracte, elle nous lance une très belle et originale version d’All Is Full Of Love de Björk, qui a publié la version d’Emel Mathlouthi sur son site tellement elle a aimé sa vision des choses. Avec raison. Puis, In This Heart, de Sinead O’Connor, a cappella, très jolie « lullaby » interprétée à l’aide d’un jeu de séquences en boucle qui ont presque créé une chorale d’Emels. Dans ce petit corps dans la jeune vingtaine (je suppose, on ne demande pas l’âge des dames), réside une âme mature, une musicienne fort habile et une femme forte. Mes hommages, mademoiselle, c’était un plaisir de découvrir votre art et de vous écouter hier soir au Gésù, dans le cadre des FrancoFolies de Montréal. On continue ce soir avec : Loco Locass et Cargo Culte (le nouveau groupe de Seba, ex-Gatineau) : 19 h 00 au Club Soda Pierre Kwenders (une des découvertes à faire!) : 19 h et 21 h scène Hydro-Québec Alexis HK (lire ma critique de son dernier album ici): 19 h 30 à l’Astral Le grand spectacle célébrant les 50 ans de carrière de Robert Charlebois : 20 h Place-des-Arts Ingrid St-Pierre : 20 h 30 au Gésù Tous nos articles des FrancoFolies sont ici! Bon festival! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments