Le Théâtre Corona était rempli hier soir pour le spectacle du chanteur new-yorkais Julian Casablancas avec son nouveau groupe The Voidz.

Je pense qu’on peut adorer ou détester. Ça serait assez facile de détester Julian Casablancas, son aura de rock star adulescent, son attitude de fils de riche, son dernier album indescriptible avec les Voidz…

Moi, j’adore. Hier j’ai vu un musicien content de se payer un sale trip sur une scène, devant une salle bondée et comblée d’avance. Les quelques filles venues entendre le chanteur pour sa collaboration au dernier album de Daft Punk ont probablement été déçues: non seulement Instant Crush n’était pas de la setlist d’hier soir, mais le show avait plutôt des airs de “prog punk” avec un soupçon de “heavy” pis bin du “hard”.

Les chansons Where No Eagles Fly, M.utually A.ssured D.estruction et Business Dog se sont enchaînées à un rythme rappelant les meilleurs shows de métal. Pour Father Electricity, Les Voidz étaient accompagnés de musiciens additionnels aux congas et aux backvocals. Assez déstabilisant.

Je répète: j’ai adoré. Premièrement, j’écoute en boucle depuis plusieurs jours “Tyranny”, l’album sorti le 23 septembre dernier, avec une impression de découverte à chaque écoute, comme si les chansons d’abord complexes m’apparaissaient finalement tout simplement riches. En spectacle, les pièces deviennent un de mur de son duquel la voix de Casablancas, tantôt fragile, tantôt enveloppée d’auto-tune, a parfois de la misère à franchir.

Bien que le chanteur soit le centre d’attention et qu’il se fasse lancer des brassières par la tête (réellement), c’est loin d’être déplaisant de mettre l’accent sur les musiciens, bons et (fucking) tights, mieux éclairés, d’un batteur lançant ses baguettes à chaque refrain au guitariste sorti tout droit de 1984 avec sa Flying V.

Plus délicates et mélodiques, on a pu entendre les prouesses vocales de Casablancas sur Xenox, Take Me In your Army, et le cover des Strokes Ize of the World. Mes moments phares du show? Évidemment la reprise de I’ll Try Anything Once (You Only Live Once) par Casablancas accompagné aux claviers en début de rappel, puis la sublime et ô si puissante Human Sadness, tellement difficile à cerner mais d’autant plus impressionnante live.

Bref, Julian Casablancas se paye un trip, oui, mais sans oublier de nous embarquer dedans. La musique est tellement rendue aseptisée, formatée pour être populaire et pour passer à la radio, ça fait extrêmement du bien qu’une rock star se foute des standards et fasse ce qu’il lui plait, en nous plaisant, en nous offrant une performance des plus hard rock comme il s’en fait (de plus en plus) rare.

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Blogueuse - RREVERB
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Depuis qu’elle a vécu son premier mosh-pit au Edgefest 97 à l’âge de 14 ans, Nadine n’a jamais cessé d’agrandir et d’approfondir sa culture musicale. Fervente passionnée d’indie rock, elle parcourt souvent plusieurs centaines de kilomètres pour voir LE band en spectacle. Bien qu’elle soit toujours à la recherche des dernières nouveautés musicales, il ne lui est pas rare de remettre un bon vieux classique sur sa table tournante le dimanche après-midi. C’est peut-être pourquoi, ironiquement ou sérieusement, Nadine porte fièrement un coat Sgt. Pepper sur sa photo de bio.