En 1976, le groupe rock progressif anglais Genesis se retrouve orphelin de son chanteur vedette. Peter Gabriel a quitté, emmenant son talent d’auteur-compositeur, son excentricité scénique et sa voix dans ses valises. Peu de groupes se relèvent d’une telle scission. Parlez-en aux Doors après Jim Morrison, au Velvet Underground après Lou Reed.

Mais Genesis sera l’exception qui confirme la règle. C’est en se tournant vers son batteur, un certain Phil Collins, passablement discret jusque-là, que la barque reprendra le courant, devenant éventuellement une énorme machine pop, vendant plus de 130 millions d’albums en carrière.

Mais bien avant cette époque où le Genesis de Phil Collins n’avait rien à voir avec celui de Peter Gabriel, le trio anglais doit se redéfinir. En février 1976, l’album « A Trick of the Tail » sera cette première preuve que le groupe peut vivre sans Gabriel. Et c’est tout un « statement » que Collins, les guitaristes Mike Rutherford et Steve Hackett et le claviériste Tony Banks lancent. C’est un album solide, crédible, qui ralliera les fans de la première heure et permettra au trio de continuer sa route avec ce nom déjà populaire. Le tout premier concert de Genesis sans Peter Gabriel aura lieu au Canada, à London, le 25 mars 1976 et sera capturé dans le film « Genesis : In Concert ».

« A Trick of the Tail » contient une très belle variété de styles musicaux, du bijou folk Entangled, l’une des plus belles chantée par Collins, au rock sombre et intense de Squonk. À cette époque, la mode du rock progressif bat son plein: Emerson, Lake and Palmer, Yes, Pink Floyd sont d’importantes machines à remplir les arénas, alors que les Américains n’ont d’yeux (ou d’oreilles!) que pour les bands californiens comme les Eagles, CSN&Y, James Taylor, Neil Young et cie.

« A Trick of the Tail » du nouveau Genesis arrivera exactement au bon moment, offrant des chansons de qualité (Mad Man Moon) bien enveloppées dans des structures plus complexes que la moyenne des artistes de l’époque (Robbery, Assault and Battery, écrite par Banks). Collins, Rutherford et Banks viseront juste: les fans de prog autant que de rock, que de folk (l’hymne Ripples) adopteront le groupe qui poursuivra son évolution dans les années 70, avant de devenir la machine pop que le public de masse connait dans les années 80 et plus.

genesis a trick of the tail cover

Dans cette entrevue, les membres de Genesis reparlent des sessions de compositions et d’enregistrement de l’album.

Steve Hackett, pour sa part, quittera le bateau après l’album « Wind & Wuthering » paru à la fin de 1976, moins intéressé par la nouvelle direction du groupe. Il avait déjà savouré l’indépendance et le contrôle que permettait un album solo, en 1975, avec « Voyage of the Acolyte » auquel Collins et Rutherford participèrent en tant que simples musiciens accompagnateurs.

GENESIS
A Trick of the Tail
(Atlantic Records, 1976)

-Genre: rock
-Dans le même genre qu’Elton John (premiers albums), Gentle Giant, Harmonium

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Lien vers l’écoute complète de l’album sur YouTube

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.