Elias photographyOSM : La complicité de Lortie et Mercier Benoit Bergeron 2016/01/14 Concerts, Genres L’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) avait de la grande visite ce jeudi avant-midi. Les pianistes québécois Louis Lortie et Hélène Mercier étaient solistes dans le Concerto pour deux pianos de Francis Poulenc. Habitué de l’OSM à l’époque de Charles Dutoit, Lortie, qui vit maintenant à Berlin, jouait à Montréal pour seulement la deuxième fois depuis 2008. Pour sa part, Mercier est basée à Paris. Les deux pianistes se connaissent depuis leur adolescence et jouent périodiquement ensemble depuis cette époque. Leur complicité musicale était évidente sur la scène de la Maison symphonique. Le Concerto pour deux pianos a été composé par le Français Francis Poulenc en 1932. L’œuvre débute avec vigueur, de manière bien rythmée, montrant l’influence de Stravinsky. Les pianistes martèlent avec force et conviction un premier motif envoûtant. L’effet combiné des deux pianos est franchement impressionnant. Un autre thème plus lyrique se fait ensuite entendre, rappelant plutôt ici Rachmaninov. Le deuxième mouvement fait appel à Mozart, compositeur préféré du Français. Lortie et Mercier jouent avec délicatesse et précision. Très différent, le Finale est plus proche d’un jazz à la Gershwin. Les contrastes sont bien soulignés par la direction alerte de Long Yu et le jeu impeccable de l’OSM. L’OSM interprétait également la Suite orchestrale L’Amour des Trois Oranges, tirée de l’opéra du même nom du compositeur russe Sergei Prokofiev. Jouée pour la première fois en 1925, cette Suite est d’une vivacité dynamique. Comme c’est souvent le cas dans les œuvres de Prokofiev, le ton est burlesque, avec des rythmes de marche et des fanfares tonitruantes. Peu avant la fin de la pièce, un passage très lyriques change complètement l’ambiance, montrant tout ce dont était capable Prokofiev. Yu et l’OSM ont interprété de brillante manière cette pièce d’une quinzaine de minutes. Les cuivres ont été d’une excellence notable. Du Russe Alexandre Borodine, l’OSM interprétait un autre extrait tiré d’un opéra. Cette fois, il s’agissait de l’opéra Le Prince Igor, avec ses Danses polovtsiennes. Ce célèbre morceau a été conçu pour chœur et orchestre, mais il en existe une version pour orchestre seul, et c’est celle-ci que l’OSM interprétait. La virtuosité de l’OSM était en pleine démonstration lors de cette pièce au caractère typique de l’exotisme russe. En ouverture, le hautbois expose un superbe thème. Les attaques aux cordes et aux cuivres sont particulièrement réussies, avec le chef qui est encore aussi efficace. Deux œuvres relativement récentes concluaient ce spectacle surprenant. Composé en 2000 et orchestré en 2014, Instants d’un opéra de Pékin est une œuvre du Chinois Qigang Chen, élève d’Olivier Messiaen. La pièce entend réconcilier les traditions occidentales et orientales. L’exercice est somme toute réussi, bien que l’œuvre ne passera peut-être pas à l ‘histoire. Du compositeur canadien Jordan Pal (l’homme de 32 ans était d’ailleurs présent), On the Double était jouée par l’OSM. Dans cette ouverture d’une dizaine de minutes, les cordes sont mises en valeur; leur niveau d’excellence se doit justement d’être souligné. La musique est imagée et vivante, bien que très nuancée. Fortement varié et multiculturel, le programme de ce concert (qui sera représenté ce soir et dimanche) peut détonner de certains autres spectacles, qui ont tendance à être structurés autour de certains grands compositeurs. Chevronné et grandement estimé dans son pays, Long Yu a pu amener avec lui une œuvre d’un compositeur chinois (qui réside maintenant en France). Il en résultait ainsi un ensemble d’œuvres diversifiées et tirées de plusieurs époques. Il était surtout très intéressant de voir à l’œuvre les deux pianistes québécois, dans une pièce qu’ils ont fait paraître sur disque en 2015, mais qui est rarement jouée en spectacle. Lortie et Mercier n’ont pas déçu! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments