Dernière venue sur la scène des nouvelles chanteuses Françaises de talent, cette jeune brune à lunettes démontre tout au long de son premier opus un talent évident et, surtout, une versatilité unique qui lui permet d’épouser plusieurs styles. Camelia Jordana peut également compter sur quelques bons auteurs comme Mathieu Boogaerts, La Fiancé (qui co-signe son premier tube Non, non, non (chanter Barbara), Abel K1, L et Babx.

Avec un cachet parfois jazz (Little Monsters, toute en anglais), parfois plus pop élaborée à la Emily Loizeau (l’excellente et originale Moi c’est), elle n’hésite pas à sortir du moule traditionnel des arrangements propres à la chanson, comme sur Diva, plus classique avec son quatuor à cordes comme seul accompagnateur à la voix spéciale de l’artiste de Toulon, qui est d’origine algérienne. Aussi mystérieuse que Francoiz Breut, aussi typée que Moriarty (Calamity Jane), aussi personnelle que Camille (J’étais une fille) dont elle a parfois les mêmes intonations, cette Camelia Jordana est du calibre de Jane Birkin et de Madeleine Peyroux (Manhattan) au niveau originalité et chant.

Elle sait également s’amuser, avec ce yéyé rigolo Mens-Moi, en fin d’album, digne des meilleurs moments de Françoise Hardy première mouture. Sur Je Pars, le chant est mélodieux et assez simple, mais la musique qui l’accompagne complètement déjantée. Voilà qui est rafraichissant dans l’univers de la pop de l’Hexagone où trop de chanteuses ont des voix de fillettes à la Vanessa Paradis.

 

On est flaggerblastés d’apprendre que cette demoiselle a célébré ses 18 ans le 15 septembre 2009 avant de sortir ce premier album en mars de l’année suivante. Elle a été découverte grâce à l’émission de télé française « Nouvelle Star », sur laquelle l’auteur rock et critique légendaire Philipe Manœuvre officie en tant que jury. On a pu l’entendre reprendre des morceaux aussi variés que Heart of Glass (Blondie), Ton Invitation (Louise Attaque), Back to Black (Amy Winehouse) et I wanna be loved by you (Betty Boo) avec sa voix flegmatique et nasillarde. Heureusement que sa voix est beaucoup plus juste sur disque… Avec ses grosses lunettes à montures noires à la Nana Mouskouri, cette jeune chanteuse a déjà l’aplomb et le talent pour mener de front une belle carrière dans l’univers de la chanson.

camelia jordana 2010

Dans les années qui suivirent, cette fille de chanteuse lyrique d’origine algérienne s’associera au monde politique d’abord discrètement auprès de Jean-Luc Mélenchon en 2012 puis chantera pour la victoire de François Hollande aux Présidentielles, la même année. Elle jouera dans quelques films en 2013 et sortira un second opus « Dans la peau », en 2014. Fin 2015, elle se fait de nouveau remarquer avec un geste politico-social en dénudant un sein pour reprendre la pose en couverture de l’OBS, en personnifiant le symbole français Marianne.

camelia jordana sein nu

CAMELIA JORDANA
Camelia Jordana
(Sony, 2010)

-Genre: nouvelle chanson française
-Dans le même style qu’Emily Loizeau, Madeleine Peyroux, Françoiz Breut

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.