Un de mes grands plaisirs dans la vie est d’écouter de la musique. Mais vraiment l’écouter. Ne rien faire d’autre que de l’écouter. Une partie de mes objectifs de vie est de me créer des moments où je peux me laisser complètement aller dans la musique. Cet après-midi en est un. J’ai la chance de pouvoir louer un petit chalet de temps à autre et quitter la ville (que j’adore) pour me retrouver au beau milieu de nulle part. Je préfère la mer, mais ma blonde aime les bois et les champignons. Enfin, bref, ce samedi vers 16 heures, après une marche en raquette interrompue par une pluie verglaçante, nous sommes rentrés et j’ai fait un feu de foyer. Je nous ai versé une bière, et je me suis installé avec l’album “Break Stuff” de Vijay Iyer, un disque que je n’avais pas encore eu l’occasion d’écouter dans son entièreté, bien que lancé en 2015. Je me doutais qu’il était excellent, comme la plupart de ce que fait ce merveilleux pianiste new-yorkais d’origine indienne (ses parents, du peuple tamoul, ont immigré aux États-Unis avant sa naissance en 1971), mais c’est en le savourant dans ce contexte parfait que je l’ai apprécié encore davantage. Le trio d’Iyer, composé du batteur Marcus Gilmore et du contrebassiste Stephan Crump (deux fidèles collaborateurs), possède une touche fantastique. C’est un délice de les voir déposer la pièce Diptych tout en douceur, puis repartir sur des syncopes étourdissantes sur le morceau suivant, Hood. Vijay Iyer est capable de magnifiques mélodies, qui sont parfois difficiles à suivre à cause de leur complexité virevoltante (Starlings) comme de morceaux beaucoup plus intenses, voire dérangeants (Hood). En digne héritier de Thelonious Monk, le pianiste de 42 ans accroche les notes volontairement maladroitement, lorsqu’il veut rendre son jazz un peu saoul (Work). “Break Stuff” est un album qui comporte plusieurs très bons moments. Des morceaux plus relax, comme Taking Flight, s’emballent graduellement, que ce soit à cause du jeu du batteur Gilmore ou du pianiste. D’autres, comme Blood Count, demeurent très calmes, comme si Iyer se prenait pour un pianiste de bar, à trois heures et demie du matin. C’est renversant de penser que Vijay Iyer est pratiquement un autodidacte! Il a étudié en maths et en physique à Yale, puis faisait son doctorat en physique à Berkeley lorsque l’appel de la musique a été plus fort que tout. Il commence à jouer dans les années 94-95, et reçoit son Ph. D en terminant ses études en psychologie de la musique (music cognition). Impressionnant parcours! Vous en voulez encore? C’est du bon! Moi, je vais remettre une autre buche dans le foyer. VIJAY IYER TRIO Break Stuff (ECM, 2015) -Genre: jazz moderne -Dans la même lignée que Brad Mehldau, Esbjörn Svensson Trio, Misc Écoute et achat sur Google Play Lien vers la page Facebook du groupe Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments