U2 THE JOSHUA TREE TOUR: Rendre à César… Karl-Philip Marchand Giguère 2017/05/15 Concerts Ça fait des années, pour ne pas dire des décennies, que j’ai perdu tout intérêt pour U2. Leur tendance à vouloir demeurer désespérément pertinents malgré des albums décevants qui délaissent toute expérimentation (parce que oui, je défendrai encore et toujours Pop et son audace), des tournées un peu génériques et un apparent manque de plaisir ont eu raison du fan que j’ai pu être dans les années 90. Hier, néanmoins, je me suis laissé tenter impulsivement (un record de dernière minute) par leur passage à #Seattle au même moment que j’y étais pour revivre le mythique The Joshua Tree. Car si le groupe assume peut-être enfin que le meilleur est derrière et qu’il vaut mieux le célébrer, pourquoi bouder son plaisir? Force est d’admettre, tout y était: une entrée sobre sur fond de coucher de soleil, un départ canon avec Sunday Bloody Sunday, suivie de New Years Day, puis l’intégralité d’un album engagé qui prenait à nouveau tout son sens (Bullet The Blue Sky donnait des frissons jusque dans les orteils), mais surtout des classiques à faire tourner la tête. With or Without You est aussi brulée qu’éternelle, Where the Streets Have No Name soulèvera toujours une foule de 35 000 personnes et la grande finale Mothers of the Disappeared gagnait lourdement en symbolique et en émotion. Where The Streets Have No Name. Crédit photo: Charles Doyon. Ce fut suivi d’un rappel de hits à la pelleté, le tout joué par ces toujours mêmes quatre fidèles musiciens parfois un peu mécaniques, mais toujours capables de produire des sons qui leurs sont uniques. Surtout, un Bono tout en voix, encore énergique et visiblement motivé à 57 ans, qui a su juste bien doser l’activisme (dans la ville de Bill Gates de surcroît). Le groupe l’a suivi dans l’engagement, offrant une version actualisée de la sous estimée Miss Sarajevo sur fond d’images poignantes des camps de Jordanie. Et que dire des images tout au long? L’écran, dont la qualité dépassait le HD, a su redéfinir complètement l’expérience d’une pièce à l’autre avec les sublimes images gracieuseté du légendaire (et présent pour l’occasion) Anton Corbjin, rien de moins. Pas moins de 2h20 plus tard, c’était terminé et le public était comblé. Bref, je ne ressortirai pas un album de U2 ce matin, ni même cette année probablement, mais je m’incline. Force est d’admettre qu’un groupe peut conquérir le monde trente ans et quelques détours et accros au passage, garder le feu et continuer de se produire à guichet fermé dans un stade de football sans être sur le pilote automatique. Reste qu’à accepter soi-même de mettre ses préjugés de côté le temps d’une soirée et vivre le moment en symbiose puisqu’après tout, et ça deviendra le mantra de ces vacances à force de le répéter, pourquoi bouder son plaisir…? (Crédit photo en-tête: Karl-Philip M. G.) Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments