Et c’est terminé pour cette année… Voici donc après celui de vendredi le bilan de ce que j’ai notamment pu attraper dans le cadre des deux dernières journées du festival Osheaga 2017.

RETOUR SUR VENDREDI

On voit tellement de shows dans une journée qu’on finit par en oublier, et ce n’est pas le moindre qui m’a échappé au moment de mon compte-rendu initial: Hamilton Leithauser. Le chanteur de feu The Walkmen a maintenant fait paraitre deux excellents albums solo depuis la dissolution du groupe culte, dont le plus récent A 1000 Times enregistré avec le multi instrumentiste Rostam. La Scène des Arbres était la plus appropriée pour cette performance toute en douceur, y compris la dite pièce titre qui mettait toute sa voix unique en valeur malgré un retour de son un peu problématique. Une magnifique façon de clore la journée.

SAMEDI

Le collectif torontois Broken Social Scene était enfin de retour à Montréal, cette fois pour présenter le tout récent Hug of Thunder. On se demandait qui allait se joindre à la fête et bien que Leslie Feist brillait par son absence, Emily Haines (qui, c’est officiel, ne vieillira tout simplement jamais) s’est présentée pour quelques pièces, dont l’éternelle “Anthems for a Seventeen Year Old Girl”. Le groupe a même eu droit à un 30 minutes supplémentaires, ce qui a permis de sauver un peu la mise en l’utilisant pour se lancer dans les pièces les plus épiques, dont la superbe “Ibi Dreams of Pavement (A Better Day)” et la toujours parfaite “KC Accidental”. La prestation avait des airs de réunion de famille et cimente définitivement le nouvel album comme un exorcisme pour la vie de ses membres, Kevin Drew répétant même à plusieurs reprises “Give it up for friendship!”. Bref, on ne réinvente plus leur formule, mais ça demeure une magnifique célébration ensoleillée.

Father John Misty a donné exactement la performance qu’on attendait de lui: totalement assumé, disjoncté, parfois planant, parfois très rock. Tout me rappelait un peu les belles années éclectiques de Badly Drawn Boy, avec un charisme scénique décuplé. La pluie s’est mise de la partie pour la deuxième moitié, mais personne n’a bougé, préférant se blottir pour se protéger et ne rien manquer. Un moment de festival parfait.

Détour vers la magnifique et flottante Scène de l’Île, littéralement construite sur l’eau, pour se dégourdir (à tout de moins en mettant à profit les quelques mouvements de hanches que je maitrise) et attraper un Nicolas Jaar bien perché au sommet de l’immense arrangement scénique. Le son était parfait, bien balancé dans tous les recoins, portant l’épatante foule. On a cependant eu droit à un set un peu linéaire (malgré des voix live) qui, s’il est parfaitement adapté à ce qu’on veut entendre de sa part, pouvait donner un peu envie de s’étendre après une heure… Et c’est exactement ce que je suis allé faire par la suite. Restait une autre journée de festival après tout, alors aussi bien conserver un minimum d’énergie.

DIMANCHE 

Après la température schizophrénique du week-end, ca devenait impossible de savoir comment s’habiller. J’ai donc improvisé rapidement pour courir attraper les très trash Ho99o9 (prononcé ‘Horror’, go figure…) qui donnaient le ton pour la journée dès 14h. La course aura valu la peine, car le groupe a tout donné pendant 45 minutes bien remplies, alliant leur mélange de hip hop sale et de punk pur pour créer une version totalement hors de contrôle de ce que maitrisait encore récemment Death Grips. Le mosh pit devant nous semblait parfaitement traduire l’appréciation, car oui après les 20 premières minutes il y avait déjà des chemises déchirées et du sang…

Le bain de foule de Ho99o9. Crédit photo: Karl-Philip M. G.

Run The Jewels a continué sa domination totale de la portion hip hop, graduant cette fois à la scène principale avec une immense foule bien entassée. Le son était meilleur que l’an dernier et le duo en a profité pour mettre en valeur ses messages qui, s’ils sont pertinents, ont parfois un peu cassés le rythme du set. Qu’à cela ne tienne, tout le monde reprenait le rythme instantanément dès que le DJ démarrait un nouveau rythme. Passage au retour vers la performance de Flatbush Zombies pour y trouver une autre foule survoltée qui avait même pris d’assaut l’enclos côté jardin pour apercevoir le groupe qui a tout, mais vraiment tout donné sans broncher malgré deux micros sur trois souvent défectueux. La réplique scénique de la journée leur revient d’ailleurs, alors qu’ils ont demandé à la foule “Please stop clapping like white people”.

Foule monstre, soleil et biosphère pour Run The Jewels. Crédit photo: Karl-Philip M. G.

Ce qui nous mène une heure plus tard sur cette même scène à l’événement Die Antwoord. Mais pourquoi n’étaient-ils pas sur la scène principale…?! La foule était survoltée, le groupe aussi, les visuels délirants et la performance fut absolument épique, rien de moins. Sans doute LE show à ne pas avoir manqué cette fin de semaine, voir même un de ceux qui passera à l’histoire de Osheaga. Tout ce que ca prenait pour y arriver? Trois membres survoltés, deux danseurs masqués, beaucoup de basse et une heure de projections insensées. Je ne sais même pas quoi dire de plus pour résumer tellement il fallait y être pour vivre l’attitude. Moins d’une heure plus tard et la foule assommée commençait à se disperser, notamment pour se tourner vers la scène adjacente où débutait la performance de Death From Above (qui laissait récemment tomber le “1979“).

Suivre Die Antwoord avec quelque chose d’aussi minimaliste n’étais pas évident, mais le duo est arrivé en grande forme et surtout plus en voix que lors de ses deux derniers passages. De quoi honnêtement me réconcilier avec la version scénique de leur oeuvre dont je ne me lasse pas sur disque. Tout le prenait sa dose avant de rentrer, le sourire aux lèves en se déplaçant sur un site de mieux en mieux maitrisé au fil des trois journées. Une édition un peu plus hétéroclite, moins axée sur les gros noms, mais avec es journées bien remplies et ponctuées de découvertes. Le décompte est commencé pour 2018 avec une année devant nous pour retrouver l’usage de nos jambes.

Bon repos!

 

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Obsessif compulsif qui classe ses albums d’abord en ordre alphabétique d’artistes, puis de parutions (avec les simples sous les albums, question de confondre encore davantage les gens qui le visitent), Karl-Philip oeuvre dans l’industrie depuis plus d’une décennie. Il a touché à tout: maisons de disques, gestion de salles de spectacle et rédaction professionnelle pour de nombreux artistes. Il assiste à de nombreux shows lorsqu'il n'est pas désespérément en train d'essayer de faire de la place dans sa bibliothèque musicale.