A Place to Bury Strangers s’est fait remarquer en 2009 avec leur second album « Exploding Head », considéré comme l’un des meilleurs de cette année-là par les experts du monde indie rock, dont Jeff Rioux, d’emoragei magazine. Il écrivait « Exploding Head est un bonbon savoureux, plus il fond plus le goût change, s’améliore, varie et se laisse déguster ».

En 2015, le band de Brooklyn mené par Oliver Ackermann (guitare, chant) est toujours pertinent, amenant un contraste de chaos et de douceur (Supermaster, en intro), de punch rythmé et d’attitude new wave sombre (Straight). Par moments, A Place to Bury Strangers semble le rejeton des Jesus and The Mary Chain et de Nine Inch Nails. Une bonne dose de white noise, sur la brève, mais remarquable Love High par exemple, confirme leur goût pour le rock industriel. Le travail du guitariste est très recherché d’un morceau à l’autre.

Dignes héritiers de la vague punk trash new wave des Birthday Party, Crime and the City Solution et autres Cramps, Oliver Ackermann (guitare/chant), Dion Lunadon (basse) et Robi Gonzalez (batterie) cultivent un son sombre et industriel. Un titre comme Deeper rappelle autant Nine Inch Nails que Nick Cave. On plonge dans un univers sans merci. Les guitares deviennent presque des tronçonneuses, la batterie, de la machinerie lourde.

Voici le premier extrait, Straight.

Pendant qu’Ackermann chante d’une voix grave, bourrée de réverbération, ses complices Dion Lunadon (bassiste depuis 2010) et Robi Gonzalez (batteur depuis 2012) choisissent les sons les plus tonitruants (What We Dont See) pour donner différentes couleurs aux pièces de « Transfixiation ». Plusieurs sont très courtes, dépassant tout juste les 2 minutes et demie, mais le groupe se donne aussi le droit de plonger dans les abysses les plus sombres, avec des morceaux plus lents et longs, comme la bien-nommée Deeper, s’étirant sur plus de 6 minutes.

Ceux et celles qui aiment la noirceur d’Interpol, mais qui restent sur leur appétit seront sustentés par des morceaux comme We’ve Come So Far, dont le martèlement industriel et les guitares hurlantes frôlent la limite du tolérable. Encore ici, le contraste entre la voix grave et monocorde et tout le reste, proche du chaos, est intéressant.

 

« Transfixiation » a un aspect désordonné, mais c’est sa froideur qui est constante, d’un bout à l’autre de leur 4e album en carrière, débutée en 2002 (ils ont aussi lancé 12 EP’s). Le genre de musique qu’on s’attend émerger des bas-fonds d’un immeuble en ruine, où plus rien ne fonctionne (Now It’s Over).

Un album intense et recherché, riche de sonorités et d’ambiances fortes, mais qui peut aussi plomber votre moral si vous l’avez déjà dans les talons. Pour public averti. « Transfixiation » sort le 17 février prochain.

A PLACE TO BURY STRANGERS
Transfixiation
(Dead Ocean, 2015)

-Genre: neo shoegaze psyche new wave rock sombre
-Dans le même mood que The Birthday Party, Jesus and The Mary Chain, Einstürzende Neubauten

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.