Vincent GarnierÉclatant Prokofiev, par BEREZOVSKY et l’OSM Benoit Bergeron 2014/09/18 Concerts, Genres Le deuxième concert de la saison 2014-2015 de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) était présenté à la Maison symphonique hier soir. Il mettait en vedette le pianiste russe Boris Berezovsky dans le Concerto no 2 de Sergei Prokofiev. En complément, Kent Nagano dirigeait son Orchestre dans deux autres œuvres datant du début du 20e siècle : La Mer, de Claude Debussy, et des fragments symphoniques du ballet Daphnis et Chloé, de Maurice Ravel. L’imposant Boris Berezovsky était de retour avec l’OSM pour la première fois depuis mars 2012. Le gagnant de la médaille d’or au prestigieux Concours Tchaïkovski en 1990 a été à la hauteur de sa réputation de virtuose, interprétant sans faille le Concerto pour piano no 2 du compositeur russe Sergei Prokofiev, pourtant l’un des plus difficiles du répertoire concertant. Très mélodique, le premier mouvement, Andantino, débute lentement et enchaîne avec de magnifiques mélodies expressives. Ensuite, une très longue cadence d’une difficulté technique prodigieuse survient vers le milieu. Berezovsky l’interprète de sublime manière et obtient du piano des sonorités percussives et quasi métalliques, propres à l’écriture pianistique de Prokofiev. Un énergique et bref Scherzo suit, puis Prokofiev remplace l’habituel mouvement lent par un Intermezzo au rythme de marche. Le Final est éclatant dès le départ, puis devient plus lyrique et méditatif, avant de se terminer avec un pétillant crescendo. L’interprétation est merveilleuse et l’équilibre entre soliste et orchestre est adéquat, l’un n’obstrue pas l’autre. Berezovsky est à l’aise dans les moments plus doux autant que dans les passages héroïques, où il offre une performance à la limite de ce qui est physiquement possible. La foule apprécie l’effort et lui offre une ovation debout bien méritée. Deux œuvres majeures du répertoire orchestral français complétaient le programme de la soirée. La Mer est une symphonie qui n’en a pas le nom. Elle est également une démonstration grandiose de l’impressionnisme en musique, entre la « musique pure » et la « musique à programme ». La composition doit suggérer à l’auditeur une vision, ou au moins une impression, de la mer. L’œuvre est formée de trois mouvements au titre évocateur : De l’aube à midi sur la mer, Jeux de vagues et Dialogue du vent et de la mer. Partout, le jeu de l’orchestre est très beau et très expressif. Cela confirme donc tout le pouvoir évocateur de la musique instrumentale. Les parties de harpe et de flûte étaient particulièrement bien jouées. Considérée comme la plus grande réalisation de Maurice Ravel, Daphnis et Chloé a clôt le concert de belle manière, même s’il n’est pas toujours facile d’apprécier à sa juste valeur une musique conçue pour un ballet simplement jouée par un orchestre, sans danseurs à l’appui. L’Orchestre joue de brillante manière et l’interprétation est imagée. Les cordes sont limpides et majestueuses, et on se doit de souligner ici le jeu merveilleux du flûtiste-solo Timothy Hutchins, lui qui a eu plusieurs motifs à jouer en solo. Ce superbe concert aura une deuxième représentation ce samedi soir, avec cependant une œuvre différente de Ravel et une composition de Moussorgski à la place de celle de Debussy. Il s’agissait par ailleurs d’une répétition avant la tournée asiatique de l’OSM en Chine et au Japon, qui aura lieu du 10 au 22 octobre. Toutes les œuvres présentées hier soir seront au programme dans l’un ou l’autre des concerts de cette tournée. Berezovsky sera aussi de la partie, et parions qu’il en mettra encore plein les oreilles aux spectateurs! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments