Catherine Durand sort aujourd’hui un nouvel album, intitulé “Les murs blancs du Nord”. Elle est le genre d’artiste à qui l’on ne souhaite que du bien, à laquelle on souhaite que la fée du succès s’arrête au-dessus de ses chansons pour lui donner un coup de pouce. Pourquoi Durand plus que les autres? Parce qu’elle compose elle-même ses chansons depuis le début de sa carrière (en 1998, déjà), parce qu’elle ne joue pas la carte de la facilité ni celle de l’apparence. Durand mise sur de vraies chansons écrites pour passer un message ou une émotion. Durand n’a jamais été la saveur du mois comme Marie-Pierre Arthur, Natasha St-Pier ou Catherine Major et pourtant elle n’a rien à envier à ces autres artistes féminines qui gravitent dans des univers différents du sien. Parlons-en de l’univers de Catherine Durand. Son nouveau disque sorti aujourd’hui, “Les murs blancs du Nord” est un album composé à la guitare sèche, omniprésente, et qui met en avant les mots de Durand, plus que sa voix, pourtant belle et fragile. C’est d’ailleurs cette fragilité, cette retenue, qui émeut, plus que les paroles. Sur À chacun sa pierre qui tombe, les mots percent une ambiance planante, comme si murmurés à travers un rêve. Les textes de Durand ne sont par contre pas toujours aussi solides que je les espérais. Ça reste vague… Elle reste souvent impersonnelle alors qu’on sent que son âme n’est pourtant pas loin. Est-ce de la pudeur qui empêche une pièce comme Mon cœur te portera d’atteindre cette zone que d’autres maîtrisent (Salomé Leclerc (qui cosigne d’ailleurs trois musiques), Camille, Émily Loizeau pour ne pas les nommer…). Sur cette douce chanson, les musiciens et la réalisation jouent avec retenue, touchant délicatement batterie, orgue, guitare slide pour créer un espace volatile qui permet à la chanteuse de se laisser aller. Le batteur Robbie Kuster (Patrick Watson), le claviériste François Lafontaine (Karkwa) et le guitariste Jocelyn Tellier ne sont pas reconnus pour être des brutes, bien au contraire. Et pourtant, on sent qu’il y a une couche de carapace à percer pour rejoindre l’essence de ce que cette artiste veut exprimer. Plus loin, Sur mon île, on y est presque. On y cerne mieux d’âme dans lequel est l’auteure. Durand a une très jolie voix qu’elle utilise avec douceur plutôt que puissance et c’est très apprécié. Durand, âgée de 41 ans, en est à son cinquième album. Les deux premiers sont sortis sur étiquette Warner, alors que « Diaporama » suivait en 2005, chez Zone 3. Estimée de ses pairs, elle travaillera avec Kevin Parent et Marie-Annick Lépine (des Cowboys Fringuants), écrira pour Isabelle Boulay, Stéphanie Lapointe et Renée Martel. « Cœur migratoire » date de 2008, sur Tandem, et sera salué autant au Canadian Folk Music Awards qu’à l’ADISQ. Elle jouera ensuite en première partie d’un certain Francis Cabrel en tournée. Un joli clip qui date de l’album précédent, Coeurs migratoires, tourné dans la magnifique île d’Islande, qui s’avéra inspirer Durand dans l’écriture des chansons contenues dans son dernier-né. Il reste que cet album est très bien amené, qu’il donne le goût d’être écouté davantage. Il ne regorge pas d’originalité, mais montre définitivement que Catherine Durand n’est qu’à quelques pas de faire des chansons touchantes qui marqueront encore plus les oreilles et les cœurs qu’elles atteindront. Observez la progression de Vincent Vallières depuis le début de sa carrière… Catherine Durand possède les mêmes ressources pour frapper aussi fort. Ça viendra. CATHERINE DURAND Les murs blancs du Nord (Spectra Musique, 2012) Lien vers la page Facebook de l’artiste Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments