DIRTY PROJECTORS – L’homme brisé Nicolas Pelletier 2017/05/09 Albums, Genres David Longstreth était étudiant à la prestigieuse université Yale au tournant du millénaire lorsqu’il a commencé à accumuler plusieurs bouts de musique et amorcé quelques projets musicaux, d’abord sous son propre nom, avant d’adopter le nom Dirty Projectors en 2003 alors qu’il travaillait avec Adam Forkner de Yume Bitsu. Les musiciens qui entoureront Longstreth varieront énormément d’un projet à l’autre. Plus d’une quinzaine ont fait partie des différents concepts – parfois un peu fous – du musicien Brooklynois. Ainsi en 2005, l’idée de “The Getty Album” tourne autour de Don Henley, légendaire batteur et chanteur des Eagles alors que “Rise Above”, de 2007, est une relecture d’un album de Black Flag que Longstreth a “réimaginé” de mémoire! Le groupe collabore avec des artistes hyper créatifs tels David Byrne et Björk en plus de réaliser des courts-métrages. Lancé en février 2017 sur étiquette Domino, “Dirty Projectors” est un retour aux sources pour Longstreth qui s’affaire à un style néo-soul urbain dans le même genre que Raz Ohama, Seoul ou Cross Record peuvent faire. Un soul brut, épuré, si ce n’est que des multiples pistes de voix qu’il enregistre presque frénétiquement. Sur Work Together, c’est à un mélange de Prince et St. Vincent auquel on pense! Lorsqu’il ajoute des instruments, ce sont beaucoup de percussions et des solos de guitare électrique à une note dont Lou Reed serait fier (Up In Hudson). Le premier single, Keep Your Name, annonce clairement la couleur des propos. I don’t know why you abandoned me You were my soul and my partner What we imagined and what we became We’ll keep ’em separate and you keep your name There is a place that we both know It lives in our hearts, we built it together Fear is a manacle but love is unchained So we’ll keep ’em separate and you keep your name Bien que la majorité des morceaux de cet album – le 12e de sa carrière – parlent de sa séparation amoureuse d’Amber Coffman, guitariste dans le groupe de 2007 à 2012, “Dirty Projectors” n’est pas un album qui sonne triste ni qui déprime. Certes, Longstreth y parle de ce manque, de cet ennui, de ces chemins qui se séparent, se rappelle des bons moments (Winner Take Nothing), le ton n’est pas déprimant. Un des grands changements amené sur cet album est que le musicien chante avec lui-même sur plusieurs pistes superposées, au lieu d’avec d’autres musiciens dont Coffman, qui s’occupait jadis des harmonies aux côtés d’Angel Deradoorian, qui a elle aussi quitté le navire pour lancer son propre projet en 2015. Amber Coffman est l’une des musiciennes féminines qui s’est plaint d’abus sexuels et de comportements inappropriés d’un publiciste influent du milieu de la musique indépendante, qui ont mené à sa démission (article sur Pitchfork). Longstreth y joue de pratiquement tous les instruments, mais a invité quelques amis à participer ici et là. Tyondai Braxton (un des fondateurs de Battles) aux synthés, Juliane Gralle au trombone et tuba, Lamar « Mars » Edwards (du collectif 1500 or Nothin’) à l’orgue Hammond, Clarice Jensen au violoncelle et le percussionniste brésilien Mauro Refosco (qui a tourné avec les Red Hot Chili Peppers) sont les plus fréquents et/ou connus du lot. DIRTY PROJECTORS Dirty Projectors (Domino Records, 2017) -Genre: neo electro soul -Dans le même esprit que Prince, St. Vincent, Deerhoof Écoute et achat sur Google Play Lien vers la page Facebook du groupe Lien vers la chaîne YouTube du groupe Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments