Lorsque le guitariste et rappeur américain Joe Driscoll et le joueur de kora guinéen Sekou Kouyate se sont rencontrés en 2010, dans un festival à Marseille, ils ne comprenaient pas la langue de l’autre. Ils avaient toutefois établis une connexion musicale assez puissante pour leur faire comprendre tous les deux que d’unir leurs destinés musicales allait de soi.

Un premier album était réalisé, le très intéressant « Faya » (2014) et s’en suivit une tournée qui souda l’amitié des deux musiciens. Les revoici avec “Monistic Theory”, un second opus qui illustre encore plus la fusion des styles musicaux portés par les deux musiciens.

Dès l’intro, avec l’instrumentale Tamala, on réalise à quel point il ne sera pas question de musique traditionnelle sur “Monistic Theory”. La kora est utilisée comme un instrument (presque) rock, suivant les riffs de guitare. Puis, sur Just Live, les deux musiciens s’élancent dans une dynamique pièce qui allie rap et funk à leurs deux façons de chanter. Encore plus réussie, la pièce titre laisse Driscoll rapper alors que Kouyate s’occupe du refrain mélodique. Le tout se complète à merveille. Comment ne pas faire la promotion de la diversité culturelle, de la cohésion entre les peuples, de la fraternité? Ça coule de source.

 

Outre cette communion des esprits et des cœurs, Kouyate et Driscoll démontre une cohésion musicale plus forte que jamais. Sur l’excellente Batafa, c’est la délicate kora qui tient le groove, alors que la soyeuse voix du Guinéen prend les devants. Aucune scission lorsque Driscoll empoigne le microphone, la transition se fait en douceur, naturellement.

Aucun des deux musiciens n’est moralisateur ni démagogue sur cet album. Pas de paroles fleur-bleue de bonheur parfait sur la planète, sauf peut-être sur Badiya, porteuse d’idéaux sociaux. Ce qu’on sent sur les 10 morceaux de “Monistic Theory” est avant-tout le plaisir que ces deux musiciens ont à créer ensemble. Ils explorent le rock, le funk (Rising Tide, un peu à la Red Hot!), l’afropop plus douce (Wama) et marient toutes ces influences comme on marie les épices d’un plat.

La pochette du disque montre les deux musiciens dans deux cercles qui sont distincts, chacun avec leur instrument, mais qui s’unissent, tel un diagramme de Venn. C’est exactement comment on perçoit la musique qui s’émane de la communion de leurs talents.

Si on dit que “l’ignorance est l’ennemi de l’homme”, on peut maintenant ajouter que “la fusion des peuples génère de l’harmonie”. Joe Driscoll et Sekou Kouyate en sont la preuve. Si un jeune homme originaire de New Yorkais et un Guinéen peuvent créer de si belles choses ensemble, tout est possible.

Peace.

DRISCOLL & KOUYATE

JOE DRISCOLL & SEKOU KOUYATE
Monistic Theory
(Cumbancha, 2016)

-Genre: rock métissé
-Dans le même genre que Manu Chao, Red Hot Chili Peppers, Salif Keita

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.