Ce ne sont pas tous les albums, toutes les chansons de Francis Cabrel qui me plaisent, qui me touchent. Certaines ont le pouvoir de faire trembler mon p’tit cœur d’artichaut par le souvenir qu’elles entraînent encore avec elles. L’encre de tes yeux, Je t’aimais, je t’aime, je t’aimerai, Je pense encore à toi... tant de jolis vers, tant de déclarations d’amour épiques. Des poèmes qui ont fait fondre tant de cœurs, qui ont mis des mots sur de grands élans amoureux.

Et il y a aussi dans l’œuvre de Cabrel toutes ces chansons, plus sociales, plus sociétales, où l’artiste pose son regard à lui : L’arbre va tomber, Saïd et Mohammed, La Corrida… La plume de Francis Cabrel, sa qualité d’exécution, sa façon de faire chanter les mots… voilà un grand de la langue française!

Le nouvel album de l’homme maintenant âgé de 61 ans s’appelle « In extremis ». Il n’est plus le seul Cabrel dans l’industrie : sa fille Amélie chante elle aussi. Cabrel signe un album typique, très semblable à sa carrière, riche de 13 albums en 38 ans. Un album qui contient une véritable perle sentimentale, À chaque amour que nous ferons, digne des grandes déclarations éternelles, une ou deux chansons à angle social qui dépeignent l’air du temps (Le pays d’à côté), une autre qui témoigne de son amour de la musique (Les fontaines du jazz).

Plusieurs, aussi, ne sont pas aussi transcendantes, comme La voix du crooner. C’est un peu le contrecoup d’avoir le talent d’écrire des chansons magnifiques: celles qui ne sont que « bonnes » ont bien pâles à leur côté. Musicalement, Cabrel exploite toujours le blues (sur In extremis, par exemple), style qui l’accompagne depuis les beaux jours de « Sarbacane ». Mais il frappe plus souvent dans le mille lorsqu’il compose de magnifiques airs et les accompagne d’habiles arpèges à la guitare sèche. Un travail d’orfèvre, à l’ancienne, qui mérite d’être gardé vivant.

Francis Cabrel est né à Agen en 1953. Il grandit dans la petite commune d’Astaffort, dans le Lot-et-Garonne, où il vit encore aujourd’hui et dont il fut conseiller municipal de 1989 à 2004. La jolie chanson Petite Marie le fera remarquer par CBS, qui lui permettra d’endisquer « Murs de poussière » en 1977. Deux ans plus tard, il écrit sa plus célèbre chanson, Je l’aime à mourir, que tout adolescent a un jour chanté, le cœur comblé ou l’âme en peine. « In extremis » est son premier album depuis « Des Roses et des Orties » paru 7 ans plus tôt. Il aurait vendu plus de 21 millions d’albums en carrière, ce qui en fait l’un des 10 plus populaires, en France.

Voici quelques-uns de ses plus grands succès (il y en a bien d’autres).

FRANCIS CABREL
In extremis
(Columbia / Sony, 2015)

-Genre: chanson franco
-Dans le même esprit que Michel Rivard, Mark Knopfler, Renaud

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.