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Ça fait quelques années que je suis la carrière de Frank Turner, un chanteur folk dans la pure tradition des Bob Dylan et Billy Bragg, probablement aussi à l’aise dans un pub irlandais en solo que menant un groupe rock. Sa plume est vive, sa voix est solide, ses textes sont allumés.

C’est dans un format définitivement rock qu’on retrouve l’auteur-compositeur-interprète originaire de Meonstoke en Angleterre (il est né à Bahreïn) avec ce cinquième album en solo. Si son accent anglais à couper au couteau et sa poigne virile avec les mots rappellent Billy Bragg, sa musique est beaucoup plus “middle of the road” (ou rock commercial, si vous préférez), c’est-à-dire dans un moule rock avec légères touches folk (la mandoline de Losing Days), mais avec une batterie omniprésente qui évoque plus Tom Petty que Woody Gutherie (The Way I Tend To Be). Ce n’est pas mauvais, mais c’est plus proche de l’univers de Barney Bentall et de Tom Cochrane. Des morceaux comme King Fisher Blues sont livrés avec intensité, mais ne surprennent pas vraiment. Dommage parce que Frank Turner avait tout ce qu’il faut pour succéder à Billy Bragg dans le rôle du folksinger de caractère. On laissera ce rôle à Jake Bugg pendant que Turner raconte ses histoires de relations amoureuses qui ne fonctionnent pas.

Frank Turner pond d’ailleurs un petit bijou de chanson d’amour brisé avec Tell Tales Signs, dans laquelle il s’adresse avec passion et hargne à une girlfriend qu’il a connue avant que sa carrière musicale ne prenne son envol.

Goddammit Amy, well of course I’ve changed!
With all the things that I’ve done and the places I’ve been
I would be a machine if I had stayed the same
You’re still back where we started, you haven’t changed at all
Yeah you still try to live like a kid, like you could always have it all

Quelques bons morceaux, quand même, comme Plain Sailing Weather où l’ironie est au rendez-vous, avec un certain degré d’humour et de douleur mélangés. Il n’y a que le refrain cliché avec guitares électriques prévisibles qui ramène cette autrement excitante chanson vers le moule FM. Un genre d’angle à la Mountain Goats, en plus commercial.

 

Il s’agit du premier album de Frank Turner, 31 ans, sur étiquette majeure. Il a sans doute eu des pressions pour standardiser sa musique et tenter de rejoindre l’autoroute du show-business, quitte à perdre un peu de son caractère unique et de son authenticité folk. Il a beau lancer un « Fuck You, Hollywood » sur Good & Gone, mais on n’y croit qu’à moitié.

Pour la petite histoire, sachez que Turner a étudié au Eton College, aux côtés du Prince William. Il a débuté la musique très jeune, à l’école avec des groupes humoristiques. Il joint la formation post-hardcore Million Dead en 2001, avec lequel il produira deux albums en quatre ans.

 

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Artiste: Frank Turner
Album : Tape Deck Heart
Étiquette : Interscope
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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.