Talentueuse musicienne qui manie la basse et le chant avec un aplomb réservé aux musiciens qui sont passés par une formation académique, Jeanne Added est une star montante de la scène indie pop française. Elle jouait au Centre Phi, hier soir, devant une foule modeste, mais acquise et concentrée. Personnellement, je ne suis pas sous le charme à temps plein. La petite demoiselle blonde touche au but lorsqu’elle trouve de bons passages sur la basse et déploie sa voix. Mais elle se lance parfois dans des créneaux qui sont déjà occupés par des filles qui ont trouvé leur angle. Que ce soit Florence + the Machine ou encore Lykke Li, la comparaison n’est pas toujours flatteuse. Le fort accent de France lorsque Jeanne Added chante in Henglishe n’est pas toujours facile à oublier. Dommage, car la voix de la fille de Reims de 34 ans est très solide. C’est à se demander si elle ne trouverait pas sa véritable voie dans sa langue maternelle. Mais bon, si la créativité lyrique lui vient en anglais, ça ne sera pas nécessairement très naturel non plus. Je ne sais pas. La différence est évidente lorsqu’arrive son tube A War is Coming : tout de suite, le niveau s’élève, les gens dansent, tout le monde devient conscient que c’est « le moment ». Pourtant la ligne de basse est simple. Mais la mélodie et le punch des mots sont là. Ils rentrent exactement là où il faut, pile-poil. Jeanne Added devra trouver d’autres moments forts de ce niveau pour véritablement faire sa marque et trouver sa niche. On l’espère parce que la fille a du talent et du savoir-faire. En première partie, le band suisse PUTS MARIE avait mis la barre haute. Dans une ambiance parfaite pour leur style de rock indie parfois très sombre, très trash ou à l’opposé très mélodique, ce groupe suisse anglophone pige ses influences chez les Grands : Tom Waits pour les histoires, Nick Cave pour l’ambiance dérangée, dEUS pour le rock personnalisé, Ought pour le buzz indie, Fugazi pour les parties post-rock plus punchées, mais quand même harmoniques, Patrick Watson pour l’aspect habité du chanteur Max Usata (quoi que ce dernier a l’air pas mal plus triste que le Montréalais). Le résultat frappe. Voyez plutôt. En terminant, deux mots sur le Centre PHI: j’adore cette salle! Le parfait format, le son bien calibré, au bon volume, un petit format qui permet de savourer le band de près. Bravo! J’aime. Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments