Appuyée par David Gilmour, le guitariste de Pink Floyd, Kate Bush avait pris le monde de la musique par surprise en 1978. Écrite par Bush, Wuthering Heights avait atteint le sommet des palmarès au Royaume-Uni. Kate Bush devenait ainsi la première femme à voir une de ses chansons atteindre la première place dans ce pays. Cet éclatant succès ouvrait la porte à cette jeune femme de 19 ans et introduisait au monde une des plus grandes auteures-compositrices-interprètes de la dernière partie du 20e siècle.
On peut d’ailleurs écouter des pièces tirées de ses quatre premiers albums, parus de 1978 à 1982.

Sorti en 1982, son album « The Dreaming » a reçu des critiques mitigées. Piquée au vif, Kate Bush s’est remise au travail et a conçu ce qui allait être son magnum opus : « Hounds Of Love ». L’album a été élaboré pendant plus d’un an dans un studio construit dans une ferme, à l’arrière de la maison familiale. Entièrement composé et réalisé par Bush, ce disque est divisé en deux parties qui constituent les faces A et B du vinyle d’origine. Les cinq premières chansons forment la suite « Hounds Of Love », alors que les sept dernières appartiennent à la suite « The Ninth Wave ».

Voici une sélection de pièces de l’album.

Les cinq premières chansons de l’album sont assurément certaines des meilleures pièces de toute la discographie de Kate Bush – et des années 80 aussi. Running Up That Hill (A Deal with God) ouvre le disque de brillante manière. Très imaginatif et aux sonorités new wave, ce morceau traite de la difficulté qu’ont à se comprendre les hommes et les femmes : « Is there so much hate for the ones we love? Well tell me, we both matter, don’t we? ». La voix puissante et émotive de Bush domine ensuite l’excellente chanson-titre. Sur The Big Sky, des couches de sons sont ajoutées au fur et à mesure que la chanson progresse. La délicate Mother Stands For Comfort nous envoûte, avant que l’hypnotique Cloudbusting conclue la première partie. Cette pièce s’inspire du cloudbuster, mis sur pied par le psychanalyste Wilhelm Reich, et de la relation entre Wilhelm et son fils Peter.

La deuxième partie de l’album est autrement plus expérimentale et audacieuse, tout en demeurant accessible. « The Ninth Wave » est liée conceptuellement, se voulant plus une allégorie qu’une histoire conventionnelle. Les sept chansons partent du fait qu’une femme est perdue dans la mer, en pleine nuit, pour explorer la psyché humaine, revisitant ses peurs, ses souvenirs, son passé et son futur.

And Dream Of Sheep explore l’insomnie, alors que durant Under Ice, la narratrice s’endort et se croit prise sous la glace. Elle retourne dans son subconscient jusqu’au temps des sorcières (Waking The Witch). Sur la très belle Watching You Without Me, elle réintègre son corps, visualise sa maison mais réalise qu’elle ne peut parler à ses proches. Menée par un violon aux sonorités celtiques, Jig Of Life aborde le futur. La perspective change sur la magnifique Hello Earth, alors que la narratrice s’élève au-dessus de la Terre, contemple la petitesse de l’individu face à la Terre, et celle de la Terre face à l’Univers. Cette pièce comprend un extrait de la chanson traditionnelle géorgienne Tsintskaro. La rafraîchissante The Morning Fog conclut cette partie, alors que la narratrice revient à la vie en étant une meilleure personne : « D’you know what? I love you better now ».

kate bush

« Hounds Of Love » se décline donc en deux temps. Plus facile d’approche, la première partie n’est pourtant pas si éloignée des expérimentations et des thématiques abordées dans « The Ninth Wave ». C’est donc un album qui fait un compromis presque parfait entre l’accessibilité et l’expérimentation. Comprenant peu de guitares, les chansons du disque sont brillamment construites et chaque écoute permet de découvrir les subtilités des arrangements. L’interprétation fascinante et la voix unique de Kate Bush donnent une richesse et une cohésion au tout. Artiste travaillant exclusivement en studio (outre une tournée à ses débuts et une série de concerts l’été dernier), Kate Bush s’est surpassée et nous a offert un album transcendant qui, près de 30 ans après sa sortie, vieillit très bien.

Hounds of love Kate Bush
KATE BUSH
Hounds Of Love
(EMI, 1985)

-Genre : art rock
-A influencé Tori Amos, Fiona Apple et Sinéad O’Connor

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KATE BUSH fait un compromis entre l'accessibilité et l'expérimentation
ORIGINALITÉ 95%
AUTHENTICITÉ 90%
ACCESSIBILITÉ 85%
DIRECTION ARTISTIQUE100%
QUALITÉ MUSICALE95%
textes90%
93%Overall Score
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86%

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.