Les enregistrements des grands groupes comme Led Zeppelin sont presque des objets sacrés. Ils représentent la perfection, une marque dans l’Histoire du Rock, ce sont des intouchables. Lou Reed avait osé, il y a quelques années, remixer certains albums du Velvet et on y avait redécouvert les classiques que sont Beginning To See The Light, What Goes On, Jesus ou Candy. De petites perles revues par le principal artisan de ces œuvres, avant son décès l’an passé.

Il est capital de faire ce genre de démarches pendant que les membres originaux desdits groupes légendaires sont encore vivants (ou la plupart) et, encore mieux, qu’ils s’entendent bien, ce qui semble le cas pour Robert Plant, Jimmy Page et John Paul Jones, vus régulièrement ensemble ces dernières années.

Oser toucher aux enregistrements de Led Zeppelin n’avait toutefois jamais été au programme. Les trois musiciens vivants ont toujours publié les nouveautés au compte-goutte depuis la fin du band, brutalement marquée par le décès du batteur John Bonham en septembre 1980. Plutôt ne rien sortir que de publier des œuvres incomplètes ou de second ordre.

Le 3 juin dernier, le label de Led Zep, Atlantic, a relancé les trois premiers albums du groupe avec en prime des versions différentes où non seulement le mixage est différent, mais surtout, les effets ont été modifiés, voire retirés dans la plupart des cas. Comme toujours, c’est un projet mené par le guitariste Jimmy Page, aujourd’hui âgé de 70 ans, réalisateur de tous les albums du groupe. Un méticuleux dans tout ce qu’il fait.

La voix de Plant est l’élément qui à mon sens est le plus différent. Plus claire, plus directe, plus humaine, elle gagne à être redécouverte. Ce nouveau mix aide aussi à apprécier le travail du bassiste et organiste John Paul Jones. Sur Gallows Pole, par exemple, on l’entend décliner les gammes pendant que la guitare sèche de Page rythme le tout. Bonham demeure à mon avis l’un des meilleurs batteurs de toute l’histoire du rock. Ce « powerhouse » du rythme a vraiment un beau combo groove, subtilité et puissance. Quel musicien.

Jimmy Page explique le processus.

 

Réécouter de magnifiques chansons folk et hymnes rock tels que Babe I’m Gonna Leave You, What Is and What Should Never Be, Whole Lotta Love ou Thank You fait réaliser à quel point Led Zeppelin était un grand groupe. Le fait que leur émergence arrive au moment de la fin des Beatles est révélateur : la musique changeait, en 1968-1969. Le rock se reconnectait aux sources – le blues, le folk – et l’emmenait ailleurs, là où la pop n’irait jamais. La combinaison de ses quatre musiciens, aux personnalités complémentaires, qui ne jouèrent jamais le jeu commercial (aucun single ne fut lancé!) était aussi forte (et fascinante) que celle du Fab Four. Un très grand groupe.

Pour une première fois en plus de vingt ans, j’ai eu (la très agréable) impression de redécouvrir Led Zep, dont je suis fan depuis ma tendre adolescence. Des disques vraiment pertinents pour quiconque avait, comme moi, un peu mis de côté ces albums tellement on les connaissait par cœur.

Voici un classique…

 

Quelques versions en concerts ressortent des boules à mites par la même occasion. On a ajouté plusieurs extraits live datant de 1969 au premier album dont des performances à l’Olympia de Paris (Moby Dick… pas encore enregistrée), des versions de plus de onze minutes de You Shook Me, How Many More Times et Dazed and Condused (15 mins). La guitare de Page y est puissante, et la voix de Plant impériale, redorant sa réputation. Il y joue aussi très bien de l’harmonica par moments!

Il y a quelques nouveautés, comme La La, un morceau-collage à la Buffalo Springfield, ou ce jam instrumental nommé Jennings Farm Blues ou une version acoustique du classique du blues Keys to the Highway (avec un gros effet plus ou moins agréable de flanger sur la voix de Plant), mais rien pour écrire à sa mère.

Je termine avec une intéressante et sympathique entrevue datant d’il y a quelques années, qui comporte un mini-documentaire. Les gars évoquent d’ailleurs la chimie instantanée (presque inquiétante tellement elle était puissante) lorsqu’ils ont joué ensemble la première fois.

 

Le plan du label Atlantic est de ressortir tous les albums du quatuor anglais chronologiquement. C’est donc à suivre!

led-zeppelin-I   led-zeppelin-ii   Led-Zeppelin-III

  Led-Zeppelin-I-remaster   Led-Zep-II-remaster   Led-Zeppelin-III-remaster

LED ZEPPELIN
Led Zeppelin
Led Zeppelin II
Led Zeppelin III
(Atlantic, remaster 2014)

-Genre : classic rock
-Dans la même veine que Deep Purple, Pearl Jam, Steppenwolf… en mieux!

Lien vers l’achat en ligne (iTunes)
Lien vers la page Facebook du groupe

LED ZEPPELIN: oser retoucher à la Légende
Originalité90%
Authenticité90%
Accessibilité85%
Direction artistique100%
Qualité musicale100%
Textes90%
93%Overall Score
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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.