10- Can I sleep in your brain –Ezra Furman (Pop-Rock/Songwriter/Rock-Bowiesque?) À chaque année, il y a une pièce du genre qui me donne envie de danser. Can I sleep in your brain est ma Jive Babe (Michael Paskalev, 2013) de l’année 2015. 9 -Shadow –Chromatics (Synthpop/Comme la Bande sonore du film-Drive-Pop)) On attend leur nouvel album « Dear Tommy » depuis décembre 2014 et on attend toujours. Chromatics a laissé paraître quelques simples en 2015 (dont 7 versions de Girl just wanna have fun. Oui. Pour vrai). Shadow démontre encore que Chromatics n’a pas d’égal dans le genre. Écoute tout mais porte attention à 2m37 avec « And now you’re just a stranger’s dream (…) » et laisse les synthés et le rythme reprendre leurs places. Et tu vas tout comprendre. 8 -Cheap Extensions –Sonny and the Sunsets (Pop-Rock/Garage -Rock/Low-Fi) Peu de groupes dégagent autant de liberté que Sonny and The Sunsets et cette liberté est grandement alimentée par le leader du groupe, Sonny Smith. Ce même Smith qui a créé en 2010 le projet « 100 Records » où il invitait des artistes à illustrer 100 couvertures d’albums pour 100 groupes fictifs qu’il avait lui-même créés. Il a par la suite composé deux pièces par groupe fictif pour un total de 200 pièces. Oui, juste ça. Et toi tu te trouves ben créatif quand tu crois distinguer une face de bonhomme dans le couvercle d’une poubelle. Misère. L’intro de Cheap Extensions, le milieu de Cheap Extensions et la fin de Cheap Extensions sont, en gros, les meilleurs moments de Cheap Extensions. Et Talent Night at the Ashram est le meilleur titre d’album depuis peut-être toujours. En tout cas, le plus savoureux depuis Big Shinny Tunes 2 de Much Music en 1997. MAIS COMMENT ONT-ILS FAIT POUR TROUVER UN TITRE DE MÊME? Catégorie “information à dire pour être intéressant dans tes meetings Tupperware”: Le bassiste occasionnel de Sonny and the Sunsets, Ryan Browne, est le fils de Jackson Browne, celui qui chantait Somebody’s Baby en 1982. Dis ça en parlant du garde-fraicheur et ça va pogner. 7- Lies –Low « Attention, placement ratoureux de voyage estival ici : En juillet dernier, j’ai fait la route avec copine-blonde jusqu’au Wisconsin afin d’être présent à la première édition du festival Eaux Claires organisé par Justin Vernon (Bon Iver) et Aaron Desner (The National). Voisin de l’état du Minnesota, le groupe Low était en prestation lors d’un chaud après-midi et nous a donné le plaisir d’entendre cinq pièces du nouvel album finalement paru le 11 septembre. Lies n’en faisait pas partie (tu vois j’ai fait clairement que du voyage dropping) mais demeure une excellente pièce. Avec une ligne mélodique empreint de tristesse qui rappelle I Hope Time Doesn’t Change Him (2014) de The Drums. » -Tiré de « 7 PIÈCES QUE TU DOIS METTRE DANS TA PLAYLIST DE LA RENTRÉE 2015 Luc Leblanc 2015/09/14 6- Should Have Known Better –Sufjan Stevens (Folk-pop/Songwriter/Musique expérimentale) Sufjan Stevens a peu vu sa mère durant son enfance. Suite au décès de sa mère en 2012, Sufjan Stevens a composé un album qui tente vraisemblablement de faire la paix avec ses souvenirs, cette absence et ses conséquences. Est-ce qu’il y a eu une simple phrase plus poignante cette année? Je ne pense pas. “When I was three, three maybe four She left us at that video store”. Ici je ne ferai pas de blague. Mais j’espère que ce n’était pas dans un Blockbuster. 5- The Less I know the Better –Tame Impala (Rock psychédélique/Pop psychédélique) Peut-être la meilleure intro de l’année. Dans les meilleures vidéos de l’année. Mais assurément le meilleur riff de basse de l’année. 4- Another One –Mac Demarco (Jangle-Pop/Jizz-Jazz?) Mac Demarco, c’est le nonchalant, le slacker, le joueur. Mais c’est aussi un tendre. Another One aurait pu figurer sur l’album de Tobias Jesso Jr. et aurait instantanément été la meilleure pièce de l’album. 3- Maker –Aero Flynn (Pop-Rock/Électronique/Radioheadnesque) La meilleure pièce de Radiohead de l’année qui n’est pas une pièce de Radiohead. Bon, ok, certains pourraient y voir qu’une pastiche, une imitation, une copie, (tsé, les termes qui expriment que l’on ne créé pas) en tout cas, un manque d’originalité. Mais il faut connaître l’homme dernière Aero Flynn. Après avoir participé à l’éclosion de la scène de Eau Claire avec Justin Vernon (Bon Iver) dans la première partie des années 2000, Josh Scott a vécu reclus à Chicago au prise avec des problèmes de dépression et de maladie de rein. Il émerge finalement avec le projet Aero Flynn. On y sent immédiatement l’impression d’une démarche authentique. Comme si Josh Scott aurait pu écrire une partie de l’album In Rainbows. Ou, plutôt, comme s’il l’avait écrite en même temps que le band de Thom Yorke. Mais l’entreprise n’est peut-être que passagère. Un de ses amis écrit même sur la page d’accueil du site du groupe : “He will need a kidney transplant in a few years. He will need therapy much sooner than that. (..) I believe that this record, this long-awaited record, is quite seriously a life-or-death record. Josh had to make it to stay alive. And it must be heard in the context of deferred health, deferred relationships, deferred dreams, deferred healing. As spit in the fucking face of the symptoms of disease, like rot and destruction and apathy and cynicism.” Avec ces propos en tête, on écoute Aero Flynn avec un sentiment que la proposition est précaire. Avec l’idée que nous sommes privilégiés d’entendre ce que Josh Scott veut nous dire pendant qu’il en est encore capable. En passant, c’est impossible de ne pas hocher la tête à partir de 2m25. Ok, c’est possible mais ce n’est pas un concours là. Cherche-toi d’autres moments de fierté. 2- Yes I’m changing –Tame Impala (Rock psychédélique/Pop psychédélique/Meilleure-envolée-de-Synthé-de-l’année) Élan affirmatif de Kevin Parker. « Oui, je change ». On ne sait pas tout ce qu’il a vécu pour arriver à cette affirmation et ça ne veut pas dire qu’il faille absolument le savoir. Il a peut-être juste arrêté de manger du gluten. Qu’importe, Parker semble avoir été frappé par l’inévitabilité de certains changements. Cette affirmation est présentée comme une constatation et non pas un impératif. Par grande chance, Parker n’est pas ami avec les grands penseurs perspicaces que sont Jérémie Demay ou Ginette Reno parce qu’il aurait eu lui aussi l’idée d’en tirer un livre de recette de bonheur d’artistes qui veulent absolument nous dire comment être heureux ou être « sa plus meilleure amie ». Fiou. Chose certaine, on va se dire les vraies affaires (Ça, ça s’appelle une prémisse de Radio de Québec), DEUX GRANDES VISIONS DICHOTOMIQUES DU MONDE S’AFFRONTENT : D’un côté, Céline Dion et Jean-Jacques Goldman qui disent qu’on ne change pas. De l’autre, LCD Soundsystem et Kevin Parker qui dit « Ben oui, come on, on change. Moi je dis quoi? Je ne sais pas. Mais je sais que cette pièce a la meilleure ligne de basse de l’année. Tu vois, si jamais j’écris un livre de croissance personnelle, ça va être ça le titre : Sois ta meilleure ligne de basse de l’année. –par Luc Leblanc. Je vais être dans le top 3 des ventes chez Renaud-Bray, facile. 1-Fourth of July –Sufjan Stevens (Folk-pop/Songwriter/Musique expérimentale) Bon, on y est. Ma pièce préférée de l’année qui provient de mon album préféré de l’année. C’est comme dans Inception où il y a un rêve dans un rêve. Ou une idée que j’ai toujours eue de construire une poupée en bois qui pourrait entrer dans une autre poupée en bois, qui elle-même pourrait entrer dans une autre poupée en bois et ainsi de suite. Sûrement un autre de mes projets qui ne se fera pas à cause de l’austérité. C’est ben maudit. Sufjan poursuit ici sa réflexion sur le thème de la mort et sur la place que doit prendre sa mère dans son histoire. C’est possiblement la plus belle et prenante pièce de l’année. Avec un texte qui raisonne sur le besoin de l’amour filial même quand ce dernier est limité, inadéquat. Quitte à réinventer le passé pour lui donner une place. La fiction étant préférable à son absence. Mais c’est d’autant plus une compréhension empreinte de compassion des limites de chacun. La reconnaissance de notre fragilité pour y retrouver ce qui nous est indispensable : L’autre. Et parce que si la mort est incontournable, la vie l’est tout autant. Même avec ses limites. Alors, vivons. Ce n’est pas de la psycho-pop. C’est vraiment ce qu’il nous reste à faire de mieux. De bon. De beau. De vrai. “Sitting at the bed with the halo at your head Was it all a disguise, like Junior High Where everything was fiction, future, and prediction Now, where am I? My fading supply”. “Did you get enough love, my little dove Why do you cry? And I’m sorry I left, but it was for the best Though it never felt right My little Versailles” “Shall we look at the moon, my little loon Why do you cry? Make the most of your life, while it is rife While it is light” « We’re all gonna die” Alors, voilà. Merci 2015. PS : J’ai menti plus haut à propos de Louise Deschâtelets. Le 11 septembre, c’est elle. Pour écouter le décompte presque complet sur youtube (Sauf Ad Astra de Deer Hunter) : Pour écouter le décompte presque complet sur Spotify (Sauf les deux pièces de Molly Nilsson) : Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments