Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concert, les journalistes culturels, etc. RREVERB propose une série d’entrevues avec les artisans passionnés de la musique. Cette semaine, rencontrons… MAXIME JARRY Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant? On m’appelle Maxime Jarry, j’ai fondé l’agence de gérance Bleu Carpette en mai 2015 (une belle jeunesse). Parallèlement, j’aide de plus en plus d’artistes et d’entreprises dans leurs demandes de subvention. Je rôde dans le milieu de la musique depuis janvier 2013. Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale? J’ai commencé officiellement à travailler dans le milieu de la musique le 29 mars 2014. En finissant mon baccalauréat en communication en avril 2013, je me suis retrouvé dans un dilemme passionnel : la musique ou le plein air ? No sé. Donc : exil en France. Quatre mois après mon arrivée à Grenoble, je suis allé rejoindre une amie à Bruxelles, puis on s’est rendu à un spectacle de Louis-Jean Cormier… Eurêka ? Bah étrangement, je me suis rendu compte que la musique allait être ma vie et que ça se passerait en revenant au Québec le plus vite possible ! Quelques semaines après, mes fesses retraversaient l’océan. Décembre 2013, le plein air allait définitivement être ma passion de fin de semaine… La suite de l’histoire est belle et naïve. J’ai décidé que ça devait débuter immédiatement pour moi dans le milieu de la musique, mais je ne savais pas trop par où commencer et surtout, quoi faire exactement. La solution est toujours simple…J’ai ouvert mon iTunes, puis après quelques recherches de contacts, j’ai envoyé un message à chaque artiste québécois qui se retrouvait dans ma liste musicale et sur qui je trippais. Je crois que l’artiste Amylie a vu dans cette candeur une certaine lumière, parce qu’on commençait à travailler ensemble 5 jours après l’envoi de mon courriel, le 29 mars 2014. Quand avez-vous commencé à aimer la musique? En faisant mes devoirs en secondaire 1…oui. La maison de disques Audiogram avait sur son site web une radio en continu. Je me tapais les classiques québécois des années 90 : Daniel Bélanger, Jean Leloup, Marc Déry, Richard Séguin…Je me retrouvais dans cet univers d’auteurs-compositeurs-interprètes qui m’était totalement inconnu, et j’ai ADORÉ. M’acheter une guitare pour apprendre leurs chansons ? Bonne idée ! En 2005, je commençais alors à pratiquer mon propre yoga : ‘’faire’’ de la musique. En jouer m’a permis de mieux comprendre et apprécier les nouveaux artistes que j’écoutais par la suite. De fil en anguille, ma passion n’a fait qu’augmenter depuis. Merci Audiogram ! 😉 À 20 ans, quel était votre rêve? J’ai eu 20 ans le 24 octobre 2009. Mon rêve musical était probablement de jouer «Tu tombes» à la guitare avec Daniel Bélanger. Avez-vous été musicien/enne? Racontez-nous votre carrière. Ma carrière a été courte, dû à une foulure au…talent. Quelques spectacles au secondaire, au CÉGEP et à l’université. Pour le plaisir d’en faire avec mes meilleurs amis ! Maintenant, je gratouille et tente de terminer ma 2e composition depuis 10 ans… SUR L’INDUSTRIE MUSICALE En vivez-vous? C’est bizarre mais oui. Je travaille à temps plein dans mon entreprise Bleu Carpette depuis le 14 juillet 2015. Je le dois peut-être aux Français. :/ Est-il encore possible aujourd’hui de gagner sa vie dans l’industrie musicale? Que faut-il faire pour y arriver? Oui, il suffit d’accumuler intelligemment plusieurs rôles. La plupart des gérants d’artistes y arrivent grâce à leur rôle parallèle d’agent de spectacles. Par contre, j’ai vite constaté que je détestais cette tâche de booking. Heureusement, parce que j’étais pourri. J’ai donc décidé d’y aller avec ma force qui est plutôt administrative et rédactionnelle. Je me suis mis à offrir un service de rédaction et de gestion de subventions. Ça me permet d’avoir un revenu annuel qui me satisfait amplement ! Ceci dit, on vit présentement un changement majeur au niveau des sources de revenu en musique et je me sens privilégié d’y assister et de peut-être contribuer à la recherche de solutions permanentes. JE SUIS OPTIMISTE ! Quelle(s) rencontre(s) a(ont) été déterminante(s) dans votre carrière dans l’industrie musicale? L’auteure-compositrice-interprète Amylie m’a officiellement décrotté les yeux face à ce beau monde qu’est l’industrie de la musique au Québec. Elle a été patiente et a su me guider, même si c’est plutôt elle qui me payait ! Je ne pouvais pas mieux tomber. Mes premiers pas ont donc pu bien se faire, en gardant ma passion intacte. Un parcours est toujours parsemé de mille et une rencontres importantes. Celle avec Valérie Bergeron en est une deuxième. Cette gérante et agente m’a guidé un peu plus au niveau de la gérance, alors que je savais que je voulais en faire une carrière. Généreuse, dévouée et passionnée. Je l’adore. J’en oublie volontairement des dizaines comme celles-là… Qu’aimez-vous dans votre emploi / occupation actuelle? Les rencontres humaines ! Je flotte dans un univers de passionnés (pour la plupart…) et ça me motive à me lever chaque matin sans baboune. La matière première est aussi une source de motivation inépuisable : la musique. Comme le dit si bien mon père, «l’artiste vend du rêve». Et ça, c’est suffisant pour me garder hop la vie en rédigeant une demande de subvention ou en établissant des budgets. Je ne pourrais pas faire les mêmes tâches si ma matière première était le golf… Sorry Tiger. Embed from Getty Images Que changeriez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui? Ma réponse vise ‘’les gens’’ qui contrôlent la machine, et non la machine elle-même. Les gens blasés qui persistent et signent. Je leur enlèverais leur crayon. Le manque de passion et de créativité est capable de beaucoup de destruction, surtout dans notre industrie. Je ne parlerai pas de la rémunération équitable au niveau des redevances à l’ère numérique. MAIS. Je crois que les cablôdistributeurs ont leur rôle à jouer. Une tarte est divisible parfois. Quel grand rêve n’avez-vous pas encore accompli? Mettre sur pied des projets créatifs et innovateurs d’envergure qui feraient rayonner les auteurs-compositeurs-interprètes franco-canadiens à l’échelle nationale et (pourquoi pas) internationale. Le vinyle, la cassette, le CD ou le numérique? Toutes ces bêtes ont leur plein droit d’exister. Certaines ont plus de devoirs et de responsabilités que d’autres. SUR LES ARTISTES ET LA MUSIQUE Vos styles de musique préférés? Est-ce que ç’a toujours été le cas dans votre vie? Pour l’instant, je reste stable. Le pop-rock et le folk me font tripper depuis 10 ans. Sur une île déserte, vous emmèneriez ces 5 albums (pas plus). L’Heptade (Harmonium) Quatre saisons dans le désordre (Daniel Bélanger) Le dôme (Jean Leloup) Close To Paradise (Patrick Watson) Les atomes (Martin Léon) Playlist! Quel est l’artiste le plus sympathique que vous ayez rencontré? Il y en a trop !! Et ce ne serait pas fin pour les autres. Qu’est-ce qui rend un artiste désagréable? La suffisance et le non-respect d’autrui me font «shacker». Peu importe le statut de la personne. Quel artiste brillant aurait dû percer davantage, selon vous? Tous ceux et celles qu’on ne voit pas au Gala de l’ADISQ mais qui sont grandement respectés par leurs pairs et un certain public. Je pense à des Antoine Gratton ou des Chloé Lacasse, pour ne nommer que ceux-là. Qui aimeriez-vous rencontrer? Serge Fiori On vous le souhaite! En attendant, on écoute cette entrevue de 2013. Merci Maxime! Pour en savoir plus sur les projets de Maxime Jarry, visitez son site web en cliquant sur le logo ci-dessous! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments