Huit ans après les succès mondiaux tirés de l’excellent album « Diesel and Dust » (le fameux Beds Are Burning, mais aussi The Dead Heart, Put Down That Weapon, Someday….), les Australiens de Midnight Oil étaient de retour avec un nouvel album où toutes les chansons sont intéressantes.

Le groupe mené par Peter Garrett n’était pas qu’un feu de paille en 1987. Déjà, ils étaient très connus dans leur Australie natale depuis leur formation en 1976, Garrett étant impliqué dans plusieurs causes écologiques et sociales et humanitaires, et trois de leurs albums avaient atteint le top 10 local (« 10, 9, 8, 7, 6, 5, 4, 3, 2, 1 » (de 1982), « Red Sails in the Sunset » (1984) et « Species Deceases » (EP de 1985)). Midnight Oil a connu une croissance graduelle, culminant avec le méga hit Beds Are Burning, une chanson qui suggère de redonner le territoire aux aborigènes australiens Pintupi, vivant dans le désert Gibson (ce que peu savent, nos oreilles étant distraites par le punch musical et la façon unique qu’a Peter Garrett de chanter). Les albums suivants, « Blue Sky Mining » et « Earth and Sun and Moon », étaient bons, mais sans grand éclat.

« Breathe » est un album beaucoup plus calme que « Diesel and Dust ». Plusieurs chansons sont posées, réfléchies (comme Time to Heal), on cherche des solutions, des compromis (l’excellente Common Ground) plus que la dénonciation et la confrontation. Les guitares de Jim Moginie (l’un des principaux auteurs et compositeurs avec Garrett) et de Martin Rotsey sont toujours aussi présentes, variées (plusieurs couches et différents effets sont perceptibles). Et chose qu’on n’avait que trop rarement entendue chez Midnight Oil, les guitares sèches prennent sur « Breathe » une place intéressante. Sur One Too Many Times, on est presque autour du feu à chanter en harmonie!

Garrett n’a pas oublié d’être mordant. Star of Hope est un morceau plus aigri, autant au niveau de l’ambiance que des guitares électriques, assez proches de ce que Neil Young faisait avec ses Crazy Horse à l’époque de « Ragged Glory ». Quelques pièces de « Breathe » sont aussi de très bonnes chansons rock aux propos plus légers: Surf’s Up Tonight en est un bon exemple, tout comme Underwater et sa basse captivante, dès les premières secondes du disque. La réalisation, signée par le Canadien Malcolm Burn (qui a travaillé avec Daniel Lanois, Bob Dylan, les Neville Bros, Chris Whitley, Emmylou Harris, Patti Smith…), est remarquable.

Peter Garrett, avocat de profession, quittera le groupe en 2002, après l’album « Capricornia », pour reprendre sa carrière politique. En 1984, il avait été défait de justesse sous les couleurs du Nuclear Disarmament Party, mais s’est repris vingt ans plus tard pour le Labor Party. En 2007, il devenait ministre australien de l’Environnement, du Patrimoine et des Arts.

Un disque méconnu d’un groupe dont plusieurs ignorent la profondeur.

MIDNIGHT OIL
Breathe
(Columbia, 1996)

-Genre: rock social
-Dans la même foulée que Neil Young & Crazy Horse, Pearl Jam, Bruce Springsteen

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.