Dans notre série sur les “Grands crus” de la musique, nous nous penchons aujourd’hui sur “Viva Hate” de Morrissey, premier album solo du chanteur après la séparation du mythique groupe The Smiths.

Morrissey, le chanteur des défunts The Smiths pond d’entrée un superbe premier album solo, avec le compositeur Stephen Street aux guitares, où se succèdent treize superbes poèmes gris. Plusieurs chansons sur le thème de la séparation, qu’on devine difficile. Le parallèle entre la relation amoureuse et la vie de groupe est souvent évident. Morrissey les chante en empruntant diverses émotions typiques des étapes de la séparation (ou du deuil) : la rancœur, la tristesse, le soulagement, la colère, le cynisme…

Musicalement, les mélodies sont fortes (Dial-a-cliché), les musiciens intenses (Last Night, Maudlin Street se rapprochant presque l’esprit du « Magic and loss » de Lou Reed) et les paroles aussi universelles (la grise Everyday is Like Sunday) que personnelles (la célèbre Suedehead) restant dans un intéressant symbolisme poétique (Break Up The Family, Hairdresser on Fire et l’ironique acidique I Don’t Mind If You Forget Me). Le chanteur dira plus tard que seule la brève Angel, Angel, Down We Go Together a été composée en pensant à Johnny Marr, qui avait claqué la porte des Smiths quelques mois plus tôt.

Dans l’ordre, avec la durée de chaque morceau:

  • Alsatian Cousin 3:12
  • Little Man, What Now? 1:48
  • Everyday Is Like Sunday 3:34
  • Bengali In Platforms 3:53
  • Angel, Angel, Down We Go Together 1:38
  • Late Night, Maudlin Street 7:40
  • Suedehead 3:54
  • Break Up The Family 3:53
  • The Ordinary Boys 3:09
  • I Don’t Mind If You Forget Me 3:16
  • Dial-A-Cliché 2:15
  • Margaret On The Guillotine 3:53

Le réalisateur Stephen Street fait un travail exceptionnel pour le chanteur exceptionnel qu’est Morrissey, qui est visiblement émotivement chamboulé, à constater les chansons fortes qu’il écrit en série. Il y joue la basse et embauche le leader du groupe post-punk The Durutti Column, Vini Reilly, aux guitares et claviers (qui doit succéder à Johnny Marr!) et Andrew Paresi à la batterie. On sent tout au long de « Viva Hate » l’ambiance brumeuse des campagnes anglaises. Un album qui s’écoute bien en peine d’amour, au stade de l’ironie et de la souffrance.

“The album title was absolutely how I felt, post-Smiths. I find hate omnipresent, and love very difficult to find. Hate makes the world go round.” aurait déclaré l’élégant chanteur au magazine Mojo en 1988.

« Viva Hate » a été lancé six mois après le dernier album des Smiths « Strangeways Here We Come » (co-réalisé avec Street), le 14 mars 1988. Morrissey et Street ne travailleront toutefois plus jamais ensemble, suite à une mésentente sur le paiement du travail de réalisation.

morrissey-viva-hate

MORRISSEY
« Viva Hate »
(HMV / Sire, 1988)

-Genre: pop alternative
-Dans le même genre que Lou Reed, XTC

Lien vers l’achat en ligne – version remaster de 2011 (iTunes)
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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.