Philémon Cimon aime faire les choses à sa manière. Son premier album a été enregistré en deux jours à Cuba en 2009 (« Les Sessions cubaines », sous le nom de Philémon Chante). Bouclé en cinq jours, son deuxième opus est paru en janvier dernier, mais était pourtant intitulé « L’Été »! Philémon privilégie donc la spontanéité, l’état de grâce du moment présent. Il ne fournit ni partitions ni arrangements écrits à ses musiciens, seulement une grille d’accords. Pour cet album, il s’est d’ailleurs entouré de certains des meilleurs musiciens de Montréal, dont Nicolas Basque (de Plants and Animals) à la guitare, Sarah Pagé (des Barr Brothers) à la harpe et Guido del Fabro au violon. Un survivant des « Sessions cubaines » (son cousin « Papacho » au piano) et un Cubain (Néstor Rodríguez Vilardell au saxophone) y ont aussi participé. L’omniprésent et toujours excellent Philippe Brault (Pierre Lapointe, Salomé Leclerc, Hôtel Morphée, etc.) s’est vu confier la coréalisation et la basse. Ces musiciens hors pair ont fait un travail remarquable sur de superbes compositions. Musicalement, l’album est une grande réussite et la musique complémente toujours les textes. Là où un arrangement plus étoffé s’impose, les guitares scintillent (Au cinéma), la basse et la guitare deviennent percussives (l’irrésistible Soleil blanc), la batterie se fait bien entendre (Julie July) et la trompette s’impose graduellement (Moi j’ai confiance). En contrepartie, les moments plus calmes sont épurés au possible, une mélodie au violon (La mort des amoureux) ou à la guitare acoustique (Où je me perds) étant suffisants. Par ailleurs, la voix de Philémon est souvent haut perchée, ce qui ne plaira pas à tous. Mais elle sert les paroles et transmet l’émotion juste. Sa poésie est métaphorique (Quel été) et vibrante (Par la fenêtre), mais parfois énigmatique (Des jours et puis des jours et la troublante Chose étrange). La magnifique Julie July (avec une harpe enchanteresse) raconte l’histoire d’une fille qu’il suit « jusqu’au bout de la nuit », mais qui symbolise un amour impossible qui meurt à petit feu. L’émouvante Chanson pour un ami tente de répondre à la détresse d’un ami, et Philémon lui rappelle de manière judicieuse que « y’a pas d’chagrin qui vaille qu’on l’porte sur notre dos ». L’incantatoire et quasi spirituelle Je veux de la lumière est à écouter les yeux fermés, afin de se remplir de l’incandescence évoquée par la voix de Philémon. Finalement, pour accompagner cet album, un recueil de textes est paru, où il a été demandé à 11 auteurs québécois de s’inspirer librement d’une ou de plusieurs chansons de « L’Été » (disponible en ligne ici). Préfacé par Marie-Claire Blais et ayant pour titre « Un an en été — et autres étirements de chansons », Bruno Hébert, Fanny Britt et Simon Boulerice y ont notamment contribué en écrivant soit une nouvelle, un poème ou une chanson. Cela démontre tout le respect et l’estime dont jouit la poésie de Philémon Cimon auprès d’écrivains connus et reconnus. Il le mérite : son album est merveilleux. PHILÉMON CIMON L’Été (Audiogram, 2014) -Genre: folk-rock franco -Dans le même genre que Jimmy Hunt, Philippe B, Avec pas d’casque Lien vers l’achat en ligne (iTunes) Lien vers la page Facebook de l’artiste PHILÉMON CIMON: L'émotion à fleur de peau Originalité75% Authenticité90% Accessibilité70% Direction artistique85% Qualité musicale85% Textes90%83%Overall ScoreReader Rating: (0 Votes)0%Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments