Prince ne fait jamais rien comme les autres — Dieu merci! — et en ce 30 septembre 2014, il a lancé deux albums complètement différents (et vous pourrez d’ailleurs assister au lancement via Yahoo Live! si vous lisez ceci avant le 30 septembre à 21h30).

Dans le coin gauche, un album avec son nouveau groupe, 3rdeyegirl, intitulé «Plectrumelectrum».

Dans le coin droit, un album quasi solo sous le nom de Prince et intitulé «Art Official Age».

Débarrassons-nous d’emblée des genres: le premier est un bon gros album rock funk qui rappelle par moment Jimi Hendrix ou les Red Hot Chili Peppers des belles années (pour moi, ça veut dire jusqu’à «Blood Sugar Sex Magic»).

L’autre, c’est du Prince classique, funk à souhait, digne héritier des Parliament, Roger Trout, Dayton, ou encore *insérez votre artiste funk préféré ici*.

ART OFFICIAL AGE

prince-art-official-ageComme je le disais, donc, on est en territoire connu, «Art Official Age» sera un album qui plaira aux amateurs de la période New Power Generation, particulièrement son «Diamonds and Pearls» de 1991, avec un clin d’oeil à «Sign O’ The Times» sur la pièce Breakfast Can Wait, qui rappelle The Ballad of Dorothy Parker, Starfish and Coffee, Hot Thing ou Forever in My Life. En d’autres mots, écoutez ça, et réfléchissez… D’où croyez-vous que Pharrell Williams a pris le plus gros de ses influences?

Les pièces de cet album qui groovent groovent comme seul Prince sait groover, mais franchement, j’aurais pris considérablement moins de ballades; elles sont très (trop?) nombreuses. Si vous aimez les ballades de Prince, vous allez être servis, car au final, elles sont au nombre de 8 (sur 13), si l’on y inclut la pièce affirmation I & II qui est plutôt un court monologue.

Ça nous laisse donc avec Art Official Cage, qui ouvre l’album et que je n’ai pas aimée, l’excellente Clouds, The Gold Standard, U Know, qui est très bien, mais quand même dans le bas du registre au niveau du tempo (à la limite de la ballade et du groove), idem pour la susmentionnée Breakfast Can Wait et le clou du spectacle, Funknroll.

Sur cette dernière, il se surpasse, ça funk, ça groove, ça rock, ça hip-hop, ça part dans tous les sens et ça réussi à demeurer cohérent, et je parie que ça fera malheur sur les dancefloors entre les mains d’un DJ habile.

PLECTRUMELECTRUM

ContentimgMesdames et messieurs, attachez vos tuques avec de la corde de guitare, car ce disque déménage!

Prince a décidé de montrer au monde entier qu’il a hérité, au moins en partie, du talent de Jimi Hendrix. Les amateurs de guitares savent depuis longtemps que Prince est un guitariste hors pair, mais il est facile de ne pas s’en rendre compte… Allez, je vous pardonne.

Pas d’artifices ici… Deux guitares, celle de Prince et celle de Donna Grantis, la batterie de Hannah Ford Welton, et la basse de Ida Nielsen.

On comprend d’emblée le «plectrum» — le mot anglais pour désigner le «pic» de guitare, ou plectre, en français, pour ceux qui ne le savaient pas — et le «electrum» du titre.

On pense à Hendrix, donc, par moments, au Chili Peppers, même au côté plus rock des débuts de Lenny Kravitz, mais je dis ça pour donner des repères à tout le monde.

Le rock est très classique, donc: cet album aurait bien pu paraître dans les années 80, et même 70, sur certaines pièces, surtout la pièce titre, qui est instrumentale, ce qui en soi fait un bien énorme; il est tellement rare d’entendre de bonnes pièces instrumentales sur les albums rock grand public de nos jours!

Ce qui est bien, c’est aussi qu’on n’y entend pas que la voix de Prince. Il chante surtout les pièces les plus rock et laisse la place à Donna et Ida sur les autres, ce qui apporte une couleur rafraichissante.

Il y a une pièce (Stopthistrain) qui donne l’impression qu’elle aurait plutôt dû se retrouver sur «Art Official», mais on pardonne facilement l’incartade, car elle est rapidement suivie de Marz, qui sonne comme un jam entre les Ramones et Devo!

Fait intéressant, on retrouve en clôture d’album la même Funknroll que sur «Art Official», mais version live en quatuor à cordes et percussion — par le band, on s’entend, pas par un orchestre de chambre! Très cool comme idée pour établir un pont entre les deux albums, mais c’est un pont que seuls les fans hardcore de Prince auront envie de traverser, selon moi.

Je n’ai pas trouvé de bonne source légale pour «Plectrumelectrum», mais si vous voulez un bon avant-goût de 3rdeyegirl, voici un clip live du band à Manchester en février 2014 où on a droit à une superbe version de Let’s Go Crazy, avec moult solos… Un clisse de bon jam session!

EN CONCLUSION

En un mot comme en mille, voici deux bons albums où Prince ne se réinvente pas, se contentant de nous démontrer qu’il est encore le maître de son art… là où il excelle.

P.S.: Les pochettes des albums sont cliquables pour en faire l’achat et l’écoute via iTunes

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Blogueur - RREVERB
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Baptisé par Pink Floyd, ses parrains sont Bach et les Stones. DJ depuis 1984, batteur autodidacte, producteur de musique électronique depuis 2000, Monsieur Seb a été chef de la section culturelle chez Canoë pendant près de 10 années. Il collabore également sur Archipel Magazine, le blogue — et bientôt magazine imprimé — du label électronique montréalais Archipel.