Cinq musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) présentaient un concert ce vendredi à la Salle Bourgie. On est plus habitués d’y entendre des instruments à cordes, mais il s’agissait plutôt d’instruments à vent! Denis Bluteau (flûte), Theodore Baskin (hautbois), Todd Cope (clarinette), Stéphane Lévesque (basson) et Denys Derome (cor) sont tous aux premières ou deuxièmes chaises au sein de l’OSM. Ils nous ont montré toute l’étendue de leur talent lors de ce concert où étaient jouées des œuvres de Carl Nielsen, Maurice Ravel et David Maslanka.

Le Quintette pour vents du Danois Nielsen était certainement l’œuvre principale du concert. Reconnu comme l’un des joyaux pour ce type de formation, ce chef-d’œuvre a été composé en 1922, alors que Nielsen avait 57 ans. Tout au long de la pièce, chaque instrument brille à tour de rôle. La flûte et le hautbois dialoguent de superbe manière au premier mouvement. Le solo de flûte du deuxième mouvement est également splendide. Le cor y va finalement d’un superbe solo dans le finale, qui est un élégant thème et variations (Baskin joue du cor anglais, ce qui change légèrement la sonorité). Nielsen a réussi à aller chercher toutes les couleurs disponibles. Mis ensemble, les registres de ces cinq instruments sont très vastes, et sont grandement exploités. L’interprétation est très réussie, toute en finesse et en virtuosité.

Le quintette d’instrumentistes jouait également Le Tombeau de Couperin, écrite entre 1914 et 1917 par le Français Maurice Ravel. Il s’agit aussi d’une composition très liée à la Première Guerre. Ravel a en effet dédié chacune des six parties du Tombeau à des amis décédés durant les combats. La composition originale était pour piano seul, mais les musiciens utilisaient un arrangement réalisé par le corniste Gunther Schuller. La pièce est superbe : la flûte et le hautbois, qui sont les deux plus hauts instruments, sortent du lot . Le son perçant du hautbois est envoûtant. Theodore Baskin nous a souvent montré son talent lors des concerts de l’OSM, mais on le remarque cette fois en musique de chambre.

On avait finalement droit à une œuvre d’une compositeur américain toujours vivant. David Maslanka est âgé de 72 ans et vit au Montana. Lui-même clarinettiste de formation, Maslanka a un catalogue bien rempli qui accorde une grande place aux instruments à vents. Les musiciens interprétaient son Quintette à vents no. 3. Maslanka a écrit une œuvre aux sonorités très modernes, mais tout en y faisant des emprunts à trois œuvres chorales de Bach. Le résultat est très intéressant : on y sent l’esprit de Bach. L’ambiance est souvent sereine et pastorale, avec la flûte qui brode de magnifiques mélodies, surtout dans les deux premiers mouvements. Le finale est un peu plus sombre, et plutôt animé.

Malgré quelques légères imperfections, les cinq musiciens ont affiché une belle cohésion et une coordination à toute épreuve. Les partitions à jouer étaient souvent très complexes, mais tout a semblé relativement facile pour ces musiciens doués. Il était finalement agréable d’entendre cette combinaison d’instruments qui peut être un peu moins familière, mais non moins satisfaisante à l’oreille. De l’arrière de la scène, comme on est habitués de les voir avec l’OSM, ces musiciens étaient à l’avant-plan.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.