SÉBASTIEN CHAREST, de la SPACQ: “Le réseau de contacts et la polyvalence sont archi-importants!” Nicolas Pelletier 2015/12/24 Infos (Fr), Les Passionnés de l'industrie Parmi les gens les plus passionnés par la musique, il y a ceux et celles qui travaillent dans l’industrie: chez les labels, les relationnistes de presse, les promoteurs de concerts, les gestionnaires de salles de concert, les journalistes culturels, etc. RREVERB propose une série d’entrevues avec les artisans passionnés de la musique. Cette semaine, rencontrons… SÉBASTIEN CHAREST Quel est votre nom, quel est votre rôle dans l’entreprise musicale où vous travaillez, et depuis quand y œuvrez-vous? D’où êtes-vous et où vivez-vous maintenant? Je suis Sébastien Charest, responsable du service aux membres à la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec (SPACQ). J’y travaille maintenant depuis 2010. J’ai débuté comme coordonnateur de la formation continue, poste que j’ai occupé durant 3 ans et demi (jusqu’à ce que Patrimoine Canada cesse d’accorder du financement aux associations de créateurs pour leur permettre d’organiser de la formation à ses membres). Par la suite, j’ai coordonné les opérations du bureau durant un an et me voici maintenant au service aux membres depuis mai 2014. Mon travail consiste principalement à répondre à leurs questions sur le droit d’auteur et l’industrie de la musique et développer des formations et des outils qui répondront à leurs besoins en écriture de chansons, en musique de commande et en gestion de leur carrière. Je suis originaire de la Rive-Sud de Québec, plus précisément d’un petit village de quelque 850 habitants du nom de Notre-Dame-du-Sacré-Cœur-d’Issoudun. Néanmoins, j’habite Montréal depuis maintenant 10 ans. Quand avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale? J’ai fait mon entrée dans l’industrie musicale dès ma sortie de l’école en 2005 (je suis diplômé en Arts et technologies des médias – option Presse écrite, au Cégep de Jonquière). MusiquePlus m’a engagé après mon stage sur l’émission Info+. Et les contrats n’ont jamais cessé depuis! Quand avez-vous commencé à aimer la musique? De mémoire, je crois que c’était l’été entre la 5e et la 6e année du primaire. En zappant, je suis tombé sur MusiquePlus et j’ai totalement adoré le fait de pouvoir regarder des clips toute la journée. Par la suite, ç’a totalement monopolisé ma vie! Toute la semaine, j’enregistrais les vidéoclips sur un VHS, je tentais de deviner les positions du prochain décompte MusiquePlus, je créais mes propres palmarès (un top 30 anglophone et francophone les samedis, un top 60 bilingue les lundis – j’ai fait ça durant 4 ans et demi, de secondaire 4 à cégep 3), j’organisais annuellement un gala selon les disques que j’avais achetés durant l’année… Bref, tout tournait autour de la musique. À 20 ans, quel était votre rêve (dans le domaine musical)? À cet âge, je travaillais comme recherchiste à MusiquePlus (mon rêve d’enfance!), alors mon rêve était atteint, je ne souhaitais alors que de continuer à travailler dans cette boîte. Avez-vous été musicien/enne? Racontez-nous votre carrière. J’ai appris la musique au secondaire, je jouais de la clarinette, du saxophone ténor et du trombone dans divers orchestres, selon les besoins. Mais je n’ai jamais été membre d’un groupe. J’ai plutôt écrit des textes de chansons, sans mélodies. J’ai par ailleurs remporté deux concours à Radio-Canada avec ces textes. C’était à l’émission 275-ALLÔ/275-ADOS, en partenariat avec le Festival d’été de Québec. Mes textes ont été sélectionnés parmi d’autres soumis dans le cadre du concours Gagala ça m’chante et ils ont été interprétés sur scène lors de ce festival, respectivement par Sylvain Lelièvre et Martin Deschamps et 1998 et 2002. SUR L’INDUSTRIE MUSICALE En vivez-vous? Depuis mon entrée dans l’industrie de la musique il y a dix ans, j’ai toujours vécu de ses revenus (quoique, je dois l’avouer, la carte de crédit a été bien utile à quelques moments!). Depuis que j’ai un emploi stable et à temps plein, ça réduit le stress d’arriver à la fin du mois, contrairement au temps où j’étais travailleur autonome. Est-il encore possible aujourd’hui de gagner sa vie dans l’industrie musicale? Que faut-il faire pour y arriver? On peut selon moi sans problèmes gagner sa vie dans l’industrie musicale. Toutefois, il faut accepter ces réalités : le marché québécois est petit en comparaison aux autres marchés musicaux mondiaux, l’industrie musicale est un milieu de travail composé majoritairement de travailleurs autonomes et d’employés dans de petites entreprises et il n’est pas nécessaire d’avoir étudié dans ce domaine pour y œuvrer. Ainsi, c’est avant tout son réseau de contacts et sa polyvalence qui permettent selon moi d’y rester, et cela ne se fait pas sans quelques années où la visibilité et la passion sont supérieurs à la paie. Quelle(s) rencontre(s) a(ont) été déterminante(s) dans votre carrière dans l’industrie musicale? Ces deux rencontres sont arrivées au début de ma carrière. La première, c’est Mia Parang, qui était alors productrice de l’émission Info+ pour laquelle j’étais recherchiste à MusiquePlus (elle est maintenant programmatrice et responsable des relations avec les labels pour iTunes). C’était la première fois que je rencontrais quelqu’un qui avait une aussi grande mémoire que moi sur la musique et qui en plus utilisait ce que j’avais appris par cœur pour le bénéfice d’un travail (l’émission de télé sur laquelle nous travaillons tous deux). Dès les premières semaines, elle m’a pris sous son aile et m’a accordé une énorme confiance malgré mon peu d’expérience. Je me suis toujours dit qu’elle avait sûrement vu un peu d’elle en moi. Elle reste encore une personne très importante à mes yeux. Mia et Sébastien Le producteur Patrice Caron m’a lui aussi accordé une très grande confiance dès mes débuts. Après avoir annoncé la création d’un nouveau gala pour la scène musicale alternative du Québec, je l’ai contacté afin de lui informer de mon intérêt à m’impliquer, osant lui demander de me déléguer toute la coordination du vote par l’industrie et le lien avec les artistes en nomination, alors qu’il ne me connaissait ni d’Adam ni d’Ève et que je n’avais aucune référence à lui transmettre. Coup de dés de sa part ou être grandement visionnaire (!), il a acquiescé, et je suis devenu le coordonnateur de scrutin du Gala Alternatif de la Musique Indépendante du Québec (GAMIQ) durant 8 ans. Ce contrat m’a permis d’obtenir la quasi-totalité de tous mes contacts actuels dans l’industrie musicale, tant auprès des artistes, des compagnies de disques que des gens des médias. Qu’aimez-vous dans votre emploi / occupation actuelle? Je me sens très privilégié d’être en lien direct avec les artistes, qu’ils me contactent directement pour me faire part de leur réalité d’auteur-compositeur, des questionnements qu’ils ont sur le droit d’auteur et l’industrie musicale, des problématiques pour lesquelles ils aimeraient que la SPACQ développe des outils, etc. Je le vois comme une très grande marque de confiance envers leur association. De plus, mon travail demande d’être beaucoup sur le terrain, d’aller rencontrer les artistes en festivals, concours et événements vitrines. J’apprécie grandement faire autant de voyages et de visiter les quatre coins du Québec et du Canada. Avec la chanteuse APigeon Que changeriez-vous de l’industrie musicale d’aujourd’hui? C’est sûr que je vais prêcher pour ma paroisse! À la lecture des divers contrats que l’on reçoit à la SPACQ et les nombreux questionnements de nos membres, il serait bien qu’il y ait un plus grand respect des droits des auteurs-compositeurs. C’est quand même grâce à leurs talents pour faire des chansons que le reste de l’industrie (maisons de disques, concours, salles de spectacles, émissions de radio, etc.) peut exister et des fois j’ai l’impression qu’on prend ça pour acquis. Merci Sébastien! Pour plus d’informations sur la SPACQ et le GAMIQ, cliquez sur les logos ci-dessous! Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments