Sur le communiqué de presse (que je ne lis habituellement jamais pour ne pas être influencé)du nouvel album de Shilpa Ray, je remarque quand même une citation et surtout une signature, celle de Nick Cave.

Ce n’est pas dans les habitudes du grand prince noir de vanter d’autres artistes aussi ouvertement. Le fait qu’il le fasse pour cette Brooklynoise qui m’était inconnue jusqu’à ce que je reçoive son nouvel album, « Last Year’s Savage » m’intrigue. D’autant plus que la pochette du disque est un peu ordinaire: une panthère noire qui rugit, une typo digne d’un band de hair métal. Cet album était destiné au bas de la pile. Quelle erreur, ça aurait été!

Et, ouf, j’ai bien fait de suivre les conseils de M. Cave! Dès la première chanson, Burning Bride, je suis happé par cette voix qui transperce l’air, une voix aussi impressionnante que celles de Nina Simone ou Édith Piaf. Une fois qui marque. Nasillarde, mais puissante (Johnny Thunder’s Fantasy Space Camp). Shilpa Ray peut agripper le taureau rock par les cornes, comme elle peut créer des ambiances complètement glauques et spéciales. La dernière qu’on a entendu passer aussi habilement d’un style à l’autre, avec une attitude punk bien sentie est Patti Smith.

Shilpa Ray est Amérindienne (et non pas Irakienne comme certains hooligans le croyaient, lui lançant des bouteilles de bière lors de ses premiers concerts solos) et a appris l’harmonium et le piano dès l’âge de 6 ans. Elle adopte jeune le style gothique et forme des groupes punk plus ou moins éphémères dans lesquels elle écrit et chante les chansons.

Il y a cet toujours ce mystérieux accordéon (un harmonium en fait) en arrière-plan, qui donne un aspect unique à la musique de Shilpa Ray. Sur Oh My Northern Soul, c’est un peu de Mazzy Star, un peu de PJ Harvey, un peu de Christa Bell (vous vous souvenez de la muse de David Lynch?).

L’artiste de Brooklyn a mené le band blues punk les Happy Hookers de 2006 à 2011, avant de faire cavalier(e) seul(e) et de publier un premier album solo. Les albums de son groupe sont parus chez Knitting Factory ou Bad Seed LTD, le label de Cave. Shilpa Ray a tourné avec le Jon Spencer Blues Explosion, à SXSW, et au sein du groupe de scène de Cave en tant que choriste. Sur disque, elle est entourée de Jon « Catfish » DeLorme à la guitare pedal steel et basse, Alistair Paxton, à la guitare et la basse et Russ Lemkin à la batterie.

Shilpa Ray est le genre de chanteuse qui peut se permettre de répéter vingt fois la même phrase sans tanner l’auditeur. Sa voix est tellement habitée qu’on en redemande. Un disque unique d’une artiste non moins unique. Merci Nick!

SHILPA RAY
Last Year’s Savage
(Northern Spy Records, 2015)

-Genre: soul rock hanté
-Dans le même genre que Patti Smith, Hindi Zahra, Elsianne, PJ Harvey

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.