Il y avait de la belle visite à Montréal en cette deuxième semaine des Nuits d’Afrique, alors que le duo Sousou & Maher Cissoko se produisait dans un Club Balattou bien rempli. La musique festive de cet improbable duo entre une Suédoise et un griot sénégalais a rajouté une couche de chaleur en cette soirée déjà plus que chaude. Mais on ne s’en plaindra pas : tous les gens présents ont passé un merveilleux moment.

Sousou Cissoko est née Sousou Hagberth Gottlow. Elle a rencontré Maher il y a une dizaine d’années, par le biais d’un des frères de la large famille Cissoko. Sousou était allée en Gambie et au Sénégal afin d’étudier la kora. Depuis, les deux sont mariés et ont eu un enfant ensemble. Lundi soir, ils étaient au début de leur première tournée canadienne, après trois albums parus en 2008, 2011 et 2014.

Les Cissoko étaient entourés de trois autres excellents musiciens hier soir, avec le bassiste Andreas Unge, le percussionniste Samba Ndokh et le batteur Johan Jansson. Ami sénégalais qui vit maintenant à Montréal, Hassan Seck a joué de la guitare sur deux chansons. Sousou a joué de la kora sur une chanson seulement, et était à la guitare électrique le reste du temps. Maher a eu sa superbe kora autour du cou toute la soirée. Infatigable, il a ébloui avec un talent certain et une technique impeccable. Sousou et Maher se partageaient le chant, et chantaient souvent ensemble. Les deux ont une très belle voix, et harmonisent de très belle manière.

La complicité entre les deux amoureux est d’ailleurs très belle à voir. Ils éprouvent un réel plaisir à être sur scène et à chanter les morceaux qu’ils ont composé ensemble. La chimie entre Maher et Sousou (et entre tout le groupe aussi) est indéniable. La première chanson jouée est la superbe Wula, parue sur leur plus récent album, « Africa Moo Baalu ». Leurs chansons sont très mélodiques, avec la kora et la guitare qui dominent la balance sonore. La section rythmique est aussi très importante, apportant une touche africaine aux percussions, et souvent reggae avec la basse et la batterie.

Le duo nous interprète à d’autres moments les très belles Fall, Jangfata et Aline Sitoé Diatta (qui est un hommage à une figure emblématique de la résistance au colonialisme français). On peut dire que c’est vraiment en deuxième partie de concert que l’ambiance se réchauffe au Balattou. Plusieurs personnes prennent le devant de la scène et dansent à qui mieux-mieux. Un public de tous les âges et de toutes les origines envahit l’espace et s’amuse au rythme d’une irrésistible musique africaine métissée. En toute fin de concert, Maher nous annonce que c’est l’anniversaire de sa femme, et la foule le souligne alors en trois langues : wolof, anglais et français. La foule a surpris Maher en entonnant un « ma chère Sousou, c’est à ton tour… » tout québécois. Il fallait voir l’étonnement puis le bonheur dans le visage du griot sénégalais pour comprendre qu’il passait vraiment un bon moment.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.