Benoit Pinette, alias Tire le coyote, nous offre cette semaine un troisième album complet, un premier depuis « Mitan », paru en 2013. Lancé sur l’étiquette La Tribu, « Panorama » est un très bel album, où le musicien de 34 ans prend de plus en plus d’assurance. Ses compositions sont inspirées par le country-folk de Neil Young, mais aussi par la musique intelligente de ses contemporains d’Avec pas d’casque. Très américain dans sa musique, il est cependant bien d’ici pour ce qui est de sa sensibilité poétique. Enregistré pratiquement live en trois jours au Studio Victor en octobre dernier, cet album débute avec la superbe pièce instrumentale À la fenêtre. On y entend alors un instrument inattendu qui reviendra plusieurs fois sur « Panorama » : la clarinette. Sa sonorité tendre et chaleureuse donne une belle couleur à l’album. La luxurieuse slide guitar de l’excellente Ma révolution tranquille révèle ensuite les influences blues de Pinette. La fille de Kamouraska est une merveilleuse ballade folk, très entraînante. La poésie imagée est chantée de manière vulnérable : « Savais-tu que l’avenir arrive toujours un peu en avance? ». On adore également cette phrase : « Les couleurs d’un arc-en-ciel brillent aussi pour un daltonien ». Le country-blues de Moissonneuse-batteuse est irrésistible (avec une référence à This Land Is Your Land, de Woody Guthrie!), alors que le folk dépouillé et intimiste de Rapiécer l’avenir fait frissonner. La voix chevrotante, Pinette interprète « une chanson comme un testament pour anéantir les erreurs du temps ». Le folk-blues de Ma filante est très apaisant, avec un bon solo de clarinette, et où Pinette entend « chevaucher la nuit, faire grisonner le temps ». Les chemins de serviettes, une des meilleures chansons de l’album, a été écrite par Stéphane Lafleur, du groupe Avec pas d’casque. Un bel harmonica à la Neil Young et de superbes harmonies vocales transportent cette lumineuse pièce country-folk. Un banjo et une guitare électrique sont à l’avant-plan sur L’encan. En contraste, Jolie Anne est une délicate ballade : « Pour faire dévier ta conscience vaut mieux avoir ses licences. Laisse-moi mettre de l’espoir dans ta tinque à méfiance ». Ouvertement politique, Les miracles se vendent à rabais y va de cette prédiction : « On détient le record du plus long saut en profondeur. On décollera les pires angoisses en détrônant Harper ». Histoire de boucler la boucle, l’album se conclue avec Sur le quai, courte pièce instrumentale dominée par la clarinette. Tire le coyote en studio, photographié par Martin Bureau « Panorama » est donc un album qui déploie un americana diversifié, passant du folk au blues au country, et parfois intégrant toutes ces composantes dans un tout homogène. Musicalement, toutes les chansons sont bien construites : la réalisation et le mixage sont de grande qualité. En contrepartie, la voix de fausset de Tire le coyote peut rebuter à la première écoute. Mais lorsqu’on s’y habitue, on se rend compte qu’elle est un instrument en soi et qu’elle véhicule les textes de façon très particulière, donnant une singularité aux chansons. Mélancoliques sans tomber dans le pathos, les textes sont d’ailleurs très bien ficelés. On y retrouve toujours une touche d’espoir, et la grande humanité de Benoit Pinette transparaît dans son œuvre. TIRE LE COYOTE Panorama (La Tribu, 2015) -Genre : country-folk -Influencé par Neil Young, Bob Dylan, Tim Hardin et Avec pas d’casque Lien vers l’achat en ligne (iTunes) Lien vers la page Facebook de l’artiste La grande humanité de TIRE LE COYOTE Originalité75% Authenticité90% Accessibilité75% Direction artistique85% Qualité musicale85% Textes85%83%Overall ScoreReader Rating: (1 Vote)83%Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments