Getty ImagesWILLIE NELSON secoue Nashville de sa torpeur Benoit Bergeron 2014/12/08 Albums, Genres Né au Texas en 1933, Willie Nelson a fait sa marque à Nashville dans les années 50 et 60 en tant qu’auteur-compositeur. Il a écrit entre autres Crazy, popularisée par Patsy Cline, Funny How Time Slips Away et Pretty Paper. Il a fait paraître plusieurs albums dans les années 60 et début 70 avec RCA Records, puis a signé avec Atlantic Records. Au même moment, il se rapprochait de la scène hippie de Austin, au Texas, et délaissait la culture conservatrice de Nashville et de RCA. Il a fait paraître deux importants albums sur Atlantic (« Shotgun Willie » et « Phases And Stages ») qui se sont inscrits dans les débuts du mouvement connu sous le nom de Outlaw Country. Le Outlaw Country a émergé vers la fin des années 60, alors que des auteurs-compositeurs comme Johnny Cash, Waylon Jennings, Merle Haggard et Nelson ont désiré avoir plus de contrôle créatif sur la musique qu’ils composaient. Ces auteurs rejetaient aussi ce qui était appelé le « Nashville Sound », c’est-à-dire une musique country formatée et ajustée aux goûts du jour dans une formule très pop, agrémentée de sirupeux arrangements de cordes. Les Outlaws avaient une sonorité et des thématiques proches du rock : l’alcool, les drogues, les travailleurs cols bleus, etc. Willie Nelson s’est donc associé à Columbia Records en 1974 et a exigé et obtenu un contrôle complet sur sa musique. Paru en mai 1975, « Red Headed Stranger » est avant tout un « album-concept » inspiré par la chanson Red Headed Stranger, sortie en 1954. L’album raconte l’histoire d’un prédicateur du Montana qui découvre l’infidélité de sa femme (I Couldn’t Believe It Was True), et finit par abattre celle-ci et son amant (Blue Rock Montana/Red Headed Stranger). Ravagé par les regrets, le prédicateur assassine plus tard une autre femme qu’il suspectait de vouloir voler un cheval qui avait appartenu à sa femme (Red Headed Stranger). Il se déplace ensuite vers Denver, où il rencontre une femme dans un bar (Denver), et, cherchant la rédemption, se sent à nouveau prêt à aimer (Can I Sleep in Your Arms? et Remember Me). L’album se termine des années plus tard, alors que le prédicateur est un vieil homme entouré de son petit-fils et de sa nouvelle amoureuse (Hands On The Wheel). On peut écouter une sélection de chansons du disque. Columbia regrettera quelque peu d’avoir accordé le contrôle à Nelson lorsque ce dernier lui soumettra « Red Headed Stranger ». La musique est sombre et dépouillée (Time Of The Preacher), extrêmement minimaliste (Red Headed Stranger). La guitare classique est à l’avant-plan (Just As I Am et O’er The Waves), en plus évidemment de la voix chaleureuse de Willie (Blue Eyes Crying In The Rain). Le piano est parfois au devant (Down Yonder), avec un accompagnement de batterie, d’accordéon et d’harmonica (Bandera). Prenant par surprise Columbia et Nashville, « Red Headed Stranger » connaîtra un immense succès. Le superbe simple Blue Eyes Crying In The Rain atteindra même le sommet du palmarès Billboard country aux États-Unis. Un film inspiré de l’album sortira même en 1986! C’est pourtant un album difficile d’approche, qui doit être écouté à tête reposée. Ce n’est sûrement pas non plus la plus grande réussite de Willie Nelson du point de vue de la composition : seulement 6 des 15 chansons de l’album sont les siennes. Mais la manière avec laquelle il a structuré le récit est sensationnelle. Ses performances et ses arrangements sont aussi dignes de mention. Il se livre complètement dans chacune des pièces et crée des ambiances parfois terrifiantes, et parfois attendrissantes. Le succès commercial de l’album forcera par ailleurs les bonzes de Nashville à reconsidérer leur approche. De son côté, Willie Nelson n’a plus jamais regardé en arrière et est maintenant une icône de la musique country et de la culture américaine. L’image du hippie, avec son bandana et ses jeans (parfois avec un joint aussi…), est fixée dans l’imaginaire collectif. À 81 ans, il est encore très actif aujourd’hui. « Red Headed Stranger » demeure son meilleur album en carrière. WILLIE NELSON Red Headed Stranger (Columbia, 1975) -Genre : outlaw country -Dans le même genre que Johnny Cash, Kris Kristofferson, Waylon Jennings et Steve Earle Lien vers l’achat en ligne (iTunes) Lien vers la page Facebook de l’artiste Lien vers la chaîne YouTube de l’artiste WILLIE NELSON secoue Nashville de sa torpeur ORIGINALITÉ 90% AUTHENTICITÉ 100% ACCESSIBILITÉ 80% DIRECTION ARTISTIQUE100% QUALITÉ MUSICALE90% TEXTES 90%92%Overall ScoreReader Rating: (1 Vote)100%Réagissez à cet article / Comment this article commentaires / comments