L’Orchestre symphonique de Montréal présentait ce jeudi soir, à la Maison symphonique, le troisième concert de son premier programme de 2015. Dirigé par Kent Nagano, ce concert était intitulé «Dumay rencontre Bartók». Le violoniste français Augustin Dumay était donc le soliste dans un concerto du Hongrois Béla Bartók. Une autre œuvre de ce dernier était prévue, et, en complément, l’OSM interprétait des compositions des Américains Leonard Bernstein et Samuel Barber.

Pour débuter le concert, l’OSM nous présentait l’Ouverture de l’opérette Candide, de Bernstein, inspirée du roman de Voltaire. Composée en 1956, cette pièce dynamique et enjouée a été jouée avec beaucoup d’aplomb par l’Orchestre. L’OSM a plus tard dédié l’interprétation de l’Adagio pour cordes de Barber à la mémoire des victimes des attentats de Paris du 7 janvier dernier. Quelques instants de recueillement ont précédé la pièce. Le jeu retenu et sobre de l’OSM a résulté en un émouvant moment. Nagano a tiré de la section des cordes un lent crescendo où l’aigu dominait.

Très sollicité sur la scène internationale en tant que violoniste et aussi chef d’orchestre, Augustin Dumay était soliste dans le Concerto pour violon no. 2 de Bartók, terminé en 1938. Ce Concerto a été rendu avec toute l’énergie nécessaire (même si  le soliste était assis, puisque blessé à un pied). La partition est très exigeante, et une longue cadence vers la fin du premier mouvement a été jouée de brillante manière. Le chef fait aussi bien ressortir les constantes nuances d’intensité et de volume. Le mouvement lent contient de très belles mélodies, alors que le finale est plutôt enjoué et exige toujours du soliste une intense virtuosité. Augustin Dumay s’acquitte très bien de cette tâche!

Le spectacle se concluait avec le Concerto pour orchestre du même Bartók. Plutôt atypique, cette œuvre a été composée en 1943, soit quelques années après que Bartók eut émigré aux États-Unis, au début de la Deuxième Guerre Mondiale. Commandé par Serge Koussevitzky et son Boston Symphony Orchestra, ce Concerto tente donc mettre en valeur toutes les sections de l’orchestre. Les cuivres sont à l’avant plan au premier mouvement, les bois au deuxième, les flûtes et le piccolo au troisième, et les cordes au quatrième. Justesse et précision sont toujours au rendez-vous, et Nagano gère bien les échanges entre les sections. Notons en terminant les superbes contributions des deux harpistes.


Ce concert (comme les deux précédents) était enregistré en vue d’un vue d’un prochain disque où seront couplés le Concerto pour orchestre et le Concerto pour violon. Les inévitables toux viendront sûrement gâcher plusieurs moments de cet enregistrement, même si cela fait partie du risque. Malgré tout, le jeu de l’OSM était à point, et le soliste du Concerto pour violon s’est démarqué par sa sonorité riche et précise, exécutant des passages demandant une grande virtuosité.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.