L’ensemble montréalais Constantinople était accompagné ce samedi soir du compositeur syrien et clarinettiste hors pair Kinan Azmeh. Mené par Kiya Tabassian, le groupe lançait sa saison montréalaise à la Salle Bourgie avec un concert mêlant des influences perse et syrienne.

Âgé de 41 ans, Azmeh a débuté seul sur scène avec Tabassian. Les deux virtuoses ont improvisé pendant une dizaine de minutes. La clarinette poussait des sons méditatifs, alors que le sétar (instrument iranien, de la famille des luths) se faufilait dans la toile tissée par le jeu mystérieux et aérien de Azmeh. ce dernier a une sonorité impeccable, juste et précise. Il a joué avec beaucoup de grands musiciens, dont le violoncelliste Yo-Yo Ma. En l’écoutant, on comprend pourquoi il est tant en demande.

Les trois autres musiciens de Constantinople rejoignent ensuite les deux leaders sur scène. L’apport de Didem Başar au kanun, Patrick Graham aux percussions et Pierre-Yves Martel à la viole de gambe est essentiel. Chacun apporte une expertise certaine, créant une symbiose entre les cinq musiciens. Le jeu est intense et passionné, le timbre des différents instruments s’agence plutôt bien. Il faut dire que le spectacle n’en est pas à sa première représentation : les musiciens étaient à Toronto vendredi et seront à Ottawa dimanche et à Québec lundi.

Les compositions jouées lors de ce spectacle sont principalement de Tabassian et Azmeh. Il s’en dégage un parfum moyen-oriental aux sonorités envoûtantes. Avec la clarinette, on reconnaît par ailleurs les origines de la musique klezmer (Constantinople a justement présenté un spectacle de musique klezmer le printemps dernier). Il y a cette exubérance et cette intensité qu’on retrouve souvent dans la musique klezmer.

Constantinople et Kinan Azmeh nous ont également fait vivre de très beaux moments avec une composition du clarinettiste syrien. Azmeh nous a expliqué qu’il avait composé cette pièce en l’honneur de sa ville natale, située tout près de Damas. Sa ville est assiégée depuis maintenant six ans, en raison de cette horrible guerre qui n’en finit plus. Sa pièce était magnifique, trouble par moments, mais pleine d’espoir et porteuse d’un avenir meilleur. La mélodie à la clarinette était sublime.

En terminant, il est important de mentionner que Constantinople s’est associé à la Maison de la Syrie pour offrir plusieurs billets à des Syriens tout juste arrivés à Montréal. Cela illustre bien tout ce que l’œuvre et la musique de Constantinople représente : inclusion, accueil, diversité, syncrétisme culturel, etc. Le concert d’hier en a été un autre fabuleux exemple.

On peut regarder des extraits des répétitions et du spectacle sur la page Facebook de Constantinople.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.