Dans une Salle Bourgie bondée, Constantinople présentait samedi soir le concert La Rose aux 13 pétales. Comme l’ensemble montréalais en a l’habitude depuis maintenant 15 ans, ce projet était une création unique, métissage de cultures diverses, que l’on peut croire aujourd’hui éloignées, mais qui ont pourtant cohabité pendant de nombreux siècles.

Pour l’occasion, Constantinople s’alliait à deux des membres fondateurs du groupe klezmer new-yorkais The Klezmatics. Cette formation est à l’origine du renouveau klezmer dans les années 90, et fait (re)vivre les traditions juives de manière très éclatante. La musique perse de Constantinople s’est superbement mariée aux sonorités klezmer traditionnelles.

Le noyau des quatre musiciens de Constantinople (Kiya Tabassian, Didem Başar, Pierre-Yves Martel et Patrick Graham) était donc joint par Frank London, trompettiste surdoué et fort expérimenté, qualificatifs qui peuvent également s’appliquer à Lorin Sklamberg, accordéoniste, guitariste et chanteur. Chacun à leur façon, les deux musiciens ont apporté une belle touche, avec une énergie communicative et une complicité et un plaisir authentiques.

Les morceaux présentés hier étaient regroupés en quatre catégories aux frontières plus ou moins étanches. Il y avait des chants sacrés, des chants d’amour, des chants célébrant les plaisirs de la vie et des chants de résistance. Chaque pièce était présentée soit par Tabassian, ou soit par un des membres des Klezmatics, très en verve et visiblement fort heureux de partager la scène pour un échange aussi enrichissant. Basar, London et Tabassian avaient également composé chacun une pièce pour l’occasion. Le ton des pièces était ainsi parfois mélancolique et triste, lors de certains chants sacrés et d’amour, mais parfois très festif lors des pièces célébrant le Hanoukka. Les spectateurs ne pouvaient s’empêcher de taper des mains, tant le rythme était entraînant.

Voici d’ailleurs un bon exemple de musique klezmer hautement festive, comme on a pu entendre au concert hier.

Toute la musique jouée hier était d’une grande qualité, tant dans la composition que les arrangements ou l’exécution. La coordination était au rendez-vous, même si on peut présumer que les six musiciens n’ont pas pu répéter ce spectacle des dizaines de fois. Le timbre des instruments se mariait à merveille, avec la trompette qui planait souvent au-dessus de l’ensemble. Mais chacun pouvait avoir son moment et tous jouaient pour servir l’ensemble, et non son propre plaisir individuel. Le travail d’arrangement a été colossal. Les chants yiddish traditionnels se sont vus rajouter du sétar et du kanun, combinaison pour le moins inusitée! Mais jamais la chose ne semblait forcée, ou même contre-nature.

Comme dans tous les projets de Constantinople, tout semblait aller de soi, comme si, finalement, il était plus facile qu’on pensait de fédérer différentes cultures pour en faire un tout homogène. C’est ce que chaque nouveau projet de l’ensemble montréalais nous rappelle.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.