Deux virtuoses maliens étaient de passage au National hier soir, présenté par Nuits d’Afrique (non, ce n’est pas qu’un festival estival, des concerts sont présentés toute l’année!). Le guitariste Habib Koité et le joueur de ngoni Bassekou Kouyaté ont offert un spectacle haut en couleurs, aux éclairages flamboyants et à une riche musicalité malienne, terre de naissance du blues. Les deux hommes étaient accompagnés de la chanteuse Amy Sacko (la femme de Kouyaté), d’un bassiste (qui avait une basse à l’apparence « africaine », avec une petite caisse de résonance; pardonnez mon ignorance sur la question) et d’un percussionniste.

Un des meilleurs moments du spectacle est sans contredit lorsque les deux têtes d’affiche s’assoient confortablement et entament un torride blues… africain, et non américain, comme Kouyaté prend bien la peine de le souligner. C’est alors que s’exprime tout le talent des deux musiciens Maliens. Le ngoni est un instrument à cordes pincées malien, qui est certainement un ancêtre du banjo. Mais les sonorités sont davantage proches de celles de la guitare électrique.

Lors de ce segment particulier, Kouyaté joue une slide guitar franchement impressionnante, du niveau des plus grands bluesman qu’on a pu entendre. En duo avec la guitare de Koité, les sonorités sont éclatantes et envoûtantes. Toute la langueur, la suavité et la force du blues se retrouvent dans les charges explosives du ngoni, au son distorsionné vraiment surprenant. La guitare de Koité a un son beaucoup plus clair, et son jeu est sublime. Les deux instruments se complètent à merveille.

Un autre moment fort de la soirée est la venue sur scène de nul autre que Tiken Jah Fakoky, le désormais quasi légendaire reggaeman ivoirien. De passage à Montréal pour quelques jours seulement, il a chanté son classique Ouvrez les frontières à une foule conquise et franchement étonnée de voir débarquer l’Ivoirien. Humble et généreux, Fakoly a offert une prestation courte mais parfaite, qui a revigoré encore plus la foule du National.

Tiken Jah Fakoly se joint à Koité, Kouyaté et leurs musiciens

Après un embrouillamini de plus de 30 minutes au début de la soirée (paraît-il que les musiciens étaient sortis de l’avion moins de deux heures avant le début du spectacle, faisant en sorte que le test de son se déroulait alors que les spectateurs attendaient, massés dans hall d’entrée du National), le spectacle s’est déroulé rondement, les musiciens faisant fi de la fatigue. Le groupe a une très belle chimie, sa performance est étincelante. La section rythmique donne une base puissante aux solistes. Amy Sacko a par ailleurs une très belle voix, portante et avec un riche vibrato. Ses danses donnent aussi de l’énergie aux spectateurs, qui le rendent bien au groupe. Bref, tout le monde a eu une très belle soirée!

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.