Quel retour fracassant qu’est “Loveshit II (Blondie and the Backstabberz)”, le plus récent opus de l’auteur-compositeur-interprète bilingue Jason Bajada! On n’en est pas à lui souhaiter d’autres déboires amoureux, mais la transposition de ses séparations en chansons indie pop est totalement réussie! Et attention: on a ici un album double (20 chansons!), solide d’un bout à l’autre. Oui, c’est un bel exploit qu’on tient entre les mains!

On voit bien que le Montréalais en a bavé sentimentalement parlant sur Blondie, un excellent titre qui s’adresse à l’amour déchu. Painkiller est un morceau aussi entraînant que les moments les plus pop d’Arcade Fire (ou de Will Butler en solo) ou Ray LaMontagne, alors que Jojo est digne des meilleurs moments des Smiths, rien de moins. Bajada chante avec élégance, de sa belle voix douce, mais souffre à chaque mot! Back Alley trahit ses belles influences indie pop du début du siècle, comme les Go-Betweens ou Belle & Sebastian, avec cette mélodie simple au clavier et un rythme enjoué.

 

Il faut se le dire : Bajada possède un talent mélodique hors pair! Ses pires mésaventures amoureuses sont livrées avec un tel entrain musical que le paradoxe malheur/bonheur est à son comble. Le premier “Loveshit”, datant déjà de 2009, fut l’album avec lequel il fit sa marque. Il y racontait aussi assez directement la douleur d’une séparation amoureuse, avant de bifurquer vers la langue de Molière avec « Le résultat de mes bêtises » en 2013 et « Volcano » en 2016. Au total, ce sont 6 albums sont publiés depuis 2005, avant ce retour anglophone plus que réussi.

La réalisation est signée par Philippe Brault, l’un des meilleurs de son métier dans les 10 dernières années, pour son travail avec Salomé Leclerc, Philippe B et bien sûr Pierre Lapointe. Bajada y joue la plupart des instruments lui-même.

jason bajada photo

photo: Jimmi Francoeur

La vie personnelle de Jason Bajada n’a pas été de tout repos. Ses peines d’amour l’ont emmené au bord du gouffre. La musique l’a sauvé à plus d’une reprise, de son propre aveu. On lui souhaite maintenant davantage de sérénité et de bonheur, et autant de succès à composer des perles indie pop sans souffrir autant.

“Loveshit II” est assurément l’un des meilleurs albums parus au Québec cette année, voire au Canada!

jason bajada loveshit 2

JASON BAJADA
Loveshit II (Blondie and the Backstabberz)
(Audiogram, 2017)

-Genre: indie pop
-Dans le même genre que Ray LaMontagne, Belle & Sebastian, The Go-Betweens

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.