En cherchant de la musique de la chanteuse jazz montréalaise Karen Young à la Grande Bibliothèque de Montréal, je suis tombé sur son homonyme, une Britannique qui a œuvré dans les années folk et qui a connu un bref succès en 1969 jusqu’au début des années 70.

Ébahi par ce talent et cette virtuosité (tout lui semble facile!), je me suis donné la mission de découvrir ses albums. Le premier qui m’est tombé sous la main est « Words on the Winds », un album qui remonte à la fin des années 60.

C’est avec ravissement que j’y découvre une chanteuse qui confirme ma première impression: elle touche à toutes sortes de genres musicaux avec une facilité déconcertante. Le signe des grands musiciens (et athlètes) qui atteignent la virtuosité.

Rhyapsody Blues est un morceau envoutant, plus jazz que new wave, extrêmement planant, alors que Wilderness World est une folk song engagée, à la Ani DiFranco, où la femme pacifiste s’exprime haut et fort. Accompagné d’abord par des instruments arabes, le chant est ensuite supporté par une basse jazz. La finale inclut des couches de voix superposées, comme l’ont fait Camille et Björk plus tard. Une variation intéressante qui rend l’œuvre forte et originale. Young y joue la batterie, la guitare 12 cordes et fait toutes les voix.

Et dès qu’on trouve certains éléments « bizarres » ou audacieux, Karen Young revient avec une chanson puissamment belle, Songwritters Song, comme si on pouvait douter de sa très grande beauté vocale. Sur la très belle chanson Time, interprétée en partie en français, Karen Young est magnifique, chantant tout en douceur, tout en subtilité. Magistral.

Il existe très peu de documents sur cette chanteuse – à ne pas confondre avec la chanteuse disco américaine qui interprétait Hot Shot. Voici un plus ancien clip : Allentown Jail, qui ne figure pas sur l’album « Words on the Winds ».

Un album très bien conçu, avec très peu de sonorités qui ont mal vieilli (comme le clavier de Willow). La grande majorité des instruments et des arrangements sont encore, 15 ans plus tard, très pertinents et actuels. Un tour de force en soit.

Née en 1946 à Sheffield, dans la région sud du Yorshire, la musicienne est décédée en janvier 1991. Après avoir connu du succès avec sa reprise de Nobody’s Child (originalement par le chanteur country canadien Hank Snow), elle lance quelques albums jusqu’en 1974, date de sa retraite du milieu musical. Elle est ensuite devenue artiste de cabaret.

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KAREN YOUNG
Words on the Winds
(Orchard Records, réédition 2000)

-Genre: chansons jazzées
-Dans le même esprit que Youn Sun Nah, Cassandra Wilson, Iva Bittóva

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Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.