L’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) présentait hier soir à la Maison symphonique hier soir le deuxième de trois concerts d’un programme dirigé par le jeune chef Russe Vasily Petrenko. Ce dernier dirigeait l’OSM dans des œuvres de Serge Garant, Robert Schumann et Johannes Brahms. Le romantisme allemand des deux derniers a été contrebalancé par la contemporanéité du premier.

Fondateur de la Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ), Serge Garant est une figure importante dans la musique contemporaine au Québec. Sa pièce Plages, écrite en 1981 (cinq ans avant son décès), était au programme. D’une durée d’une dizaine de minutes, cette courte pièce est jouée sans interruption, ses cinq mouvements s’enchaînant. Adepte du sérialisme, Garant tisse sa trame musicale à partir d’une série de cinq notes. L’ambiance est plutôt mystérieuse et ressemble un peu à de la musique de film. L’oeuvre est intéressante, mais sans plus toutefois.

Contrastant avec la pièce de Garant, le Concerto pour piano de Schumann était ensuite joué, avec l’Espagnol Javier Perianes comme soliste. Terminée en 1845, cette pièce est certainement l’une des plus belles de Schumann, voire de tout le répertoire concertant pour piano. Les mélodies sont riches et prenantes, et on est happés dès le début par les arpèges fluides du piano, suivis d’une magnifique mélodie au hautbois. Le tout est interprété de sublime manière. La touche du pianiste est juste, bien équilibrée entre la douceur et la fougue exigées du soliste dans cette oeuvre. Le chef démontre également une aisance et une assurance naturelles.

En deuxième partie du concert, l’OSM nous offrait la Symphonie no. 1 de Brahms, que l’Allemand a mis plus de 20 ans à composer. Brahms avait 43 ans lorsque, en 1876, la première a eu lieu. Certes intimidé par les réalisations symphoniques de géants tels Beethoven et Mozart, Brahms a pris tout son temps pour réaliser une oeuvre splendide, au caractère lyrique, mais également héroïque. La Symphonie est dense, riche et variée. On passe du romantisme somptueux du mouvement lent à la complexité et à l’effervescence du Finale, en passant par les moments chantants du Scherzo. Le chef fait très bien ressortir les variations d’intensité et de volume. Toujours alerte, l’Orchestre répond et offre une magnifique prestation, très intense et passionnée.

Selon certaines rumeurs, Petrenko serait pressenti comme successeur de Kent Nagano. On avait eu la chance de le voir à l’oeuvre l’année dernière avec ce même Orchestre, et force est de constater que le chef de 40 ans a un bel avenir devant lui, que ce soit avec l’OSM ou avec un des deux ensembles dont il est actuellement le directeur artistique (Liverpool et Oslo). Les musiciens ont semblé apprécier jouer pour lui, et ce plaisir s’entendait bien depuis la salle.

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Curieux de nature, Benoit est un boulimique musical qui consomme de presque tous les genres. Du punk au classique, en passant par le folk, le psychédélique et le rockabilly, il sait apprécier les subtilités propres à chacun de ces courants musicaux. À travers des centaines d'heures d'écoute et de lecture de biographies, il tente de découvrir les motivations et les secrets derrière les plus grands albums et les œuvres grandioses des derniers siècles. Il parcourt aussi les salles de spectacle de Montréal, à la recherche de vibrations directes.