Sarazino-everyday-salama-2012-photo

Difficile de ne pas penser à Manu Chao à l'écoute du nouvel album de Sarazino, ce groupe essentiellement formé autour du musicien nomade Lamine Fellah, originaire de Constantine en Algérie. Le rythme hop-la-vie mais le propos sérieux, les petites guitares rythmiques, les voix distorsionnées, la voix nasillarde, tout y est (Caminaré Por Babylon). Il reprend même les "bom bom" typiques de Chao sur Es Mi Momento.

Ne le confondez pas avec le français Sanseverino. Rien à voir. Sarazino est beaucoup plus proche de Boogat, si on veut faire un rapprochement musical avec nos artistes d'ici.

 

Le gars a beaucoup voyagé, et ce, dès sa tendre jeunesse. Son père diplomate a trimballé sa petite famille algérienne en Espagne et en Suisse avant de passer plusieurs années au Burundi et au Burkina Faso. Exposé à une vaste culture musicale (et à bien des différentes cultures), le jeune homme s'intéresse à la batterie dès l'âge de 14 ans. En 1988, il étudie à l'Université de Montréal en sciences politiques et est séduit par les clubs de la métropole francophone d'Amérique. La musique demeure sa priorité.

La tragédie frappe en 1993 alors que son père est assassiné en Algérie par des islamistes radiaux. Cet incident a un impact majeur et influencera sa création artistique, axée sur la tolérance des cultures, sur l'ouverture à l'autre et sur l'appréciation des différences. C'est à Montréal qu'il forme la première mouture de Sarazino, et publie un premier album Et Puis Voila, entièrement en français. Le succès n'étant pas au rendez-vous, il poursuit sa route et voyage à travers le monde. Il s'accroche les pieds en Équateur et c'est là-bas que paraît le second opus, Mundo Babilón, en 2003. Suivra, en 2009, Ya Foy!, un album beaucoup plus axé sur la musique ouest-africaine. On l'a entendu au Festival International Nuits d'Afrique en 2010 (voir un extrait de concert).

Sur Everyday Salama, Sarazino touche au hip hop africain, ainsi qu'au reggae vers la fin de ce 4e album en carrière. Sarazino est par contre pas mal moins social que l'ancien leader de la Mano et beaucoup plus axé sur la séduction (Lunes Vudu) et les plaisirs de la vie. Plusieurs invités de marque sont en vedette sur cet opus, dont Sabina Sciubba des Brazilian Girls, Novalima, les membres du Sierra Leone's Refugee All Stars, Rootz Underground et Luísa Maita. Il n'en demeure pas moins qu'on a ici un album qui se déguste avec plaisir avec un margarita, en s'imaginant sur une plage d'Amérique du Sud ou sur une terrasse hip de Quino.

Sarazino-everyday-salama-2012

artiste: Sarazino

album: Everyday Salama

étiquette: Cumbancha

style: world / latin

Réagissez à cet article / Comment this article

commentaires / comments

About The Author

Mélomane invétéré plongeant dans tous les genres et époques, Nicolas Pelletier a publié 6 000 critiques de disques et concerts depuis 1991, dont 1100 chez emoragei magazine et 600 sur enMusique.ca, dont il a également été le rédacteur en chef de 2009 à 2014. Il publie "Les perles rares et grands crus de la musique" en 2013, lance le site RREVERB en 2014, et devient stratège numérique des radios de Bell Média en 2015, participant au lancement de la marque iHeartRadio au Canada en 2016. Il dirige maintenant la stratégie numérique d'ICI Musique, la radio musicale de Radio-Canada.